Psychiatrie
Sismothérapie : pas de bénéfice de la kétamine en association
L’adjonction de faibles doses de kétamine lors de la sismothérapie (ECT) chez des patients souffrant de dépression unipolaire ou bipolaire n’apporte pas de bénéfices sur les troubles de la mémoire, ni sur l'humeur.
- Esbenklinker/epictura
Une étude publiée récemment dans le Lancet n’a pas démontré d’intérêt, versus placebo, de l’adjonction de bolus de kétamine IV à la dose de 0,5mg/kg en plus de l’ECT sur la mémoire antérograde (Hopkins Verbal Learning Test-Revised delayed verbal recall) : –0.43 [IC 95% –1.73 à 0.87].
Une étude randomisée en double aveugle
Cet essai prospectif de supériorité, randomisé, en double aveugle, a comparé l’efficacité et la tolérance de l’adjonction de bolus iv de kétamine 0,5mg/kg à l’ECT versus placebo (solution saline). Le critère principal s’est intéressé à l’effet de l’ECT sur la mémoire à long terme (Hopkins Verbal Learning Test-Revised delayed verbal recall). D'autres critères se sont intéressés à l'humeur et la tolérance.
Les malades devaient avoir plus de 18 ans et souffrir d’épisodes dépressifs modérés à sévères (uni ou bipolaire, DSM IV). Au total 70 patients ont été randomisés et assignés à l’un des deux bras de traitement.
Pas de différence d’efficacité de traitement ni de tolérance.
Le pourcentage de patient en rémission après traitement par ECT, évalué par un score Montgomery-Åsberg Depression Rating Scale inférieur à 10, a été similaire dans les deux groupes Kétamine versus placebo (–0.44 [–1.91 à 1.03]). Les rémissions en phase aiguë de traitement ont été de 39% et 35% dans les groupes kétamine et placebo, respectivement.
Enfin il n’a pas été observé de différence significative en termes de tolérance entre les deux bras de traitement.
En pratique
Aujourd’hui, ou encore près de 20 à 30% des épisodes dépressifs sont résistants aux antidépresseurs classiques, la recherche d’alternatives efficaces reste d’actualité et la sismothérapie a toute sa place.
La kétamine a montré dans des études récentes un intérêt sur les fonctions cognitives, avec un effet antidépresseur rapide en particulier sur la diminution des symptômes et du risque suicidaire, mais transitoire. Son efficacité rapide, médiée par son action sur le système glutamatergique et sur la plasticité neuronale, en fait un traitement potentiellement intéressant dans les situations d’urgence (à visée anti-suicidaire). Ce sont ces mécanismes potentiels qui ont poussé depuis plusieurs années à l’associer à la ECT afin de potentialiser son efficacité et améliorer la tolérance de cette dernière.
De nombreuse études ont tenté de démontré l’intérêt de cette association. Cependant les résultats restent aujourd’hui disparates d’une étude à l’autre, et, des essais de grande ampleur manquent pour trancher définitivement. En attendant ces essais, l’étude d’aujourd’hui, même si elle manque de puissance, tend à démontrer le manque d’intérêt de cet association.








