Cardiologie
Risque cardiovasculaire : la vitamine D ne change rien
Selon une très large étude randomisée, la supplémentation en vitamine D à forte dose n'empêche pas la survenue des maladies cardiovasculaires.
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Dans un large essai clinique randomisé versus placebo sur 5108 participants et une période médiane de suivi de 3,3 ans, l'incidence cumulative des maladies cardiovasculaires est de 11,8% chez les participants recevant 100 000 UI de vitamine D3 par mois et 11,5% chez ceux recevant un placebo.
Ces résultats indiquent que la supplémentation en vitamine D à forte dose n’a pas de rôle majeur dans la prévention des maladies cardiovasculaires et ne doit pas être utilisée dans cette indication. Les résultats de cette étude sont publiés dans le JAMA Cardiology.
Une large étude randomisée versus placebo
Une équipe de l'Université d'Auckland, en Nouvelle-Zélande a randomisé 5 108 personnes (50 à 84 ans), suivies en ville, pour recevoir de la vitamine D3 orale avec une dose initiale de 200 000 UI, suivie un mois plus tard par des doses mensuelles de 100 000 UI (n = 2 558) ou un placebo (n = 2 552).
L’âge moyen des personnes était de 66 ans à l’inclusion, elles ont été suivie selon une médiane de 3,3 ans et 25% des personnes inclues étaient déficitaires en vitamine D.
Le critère principal est le nombre de personnes ayant une maladie cardiovasculaire ou décédées, y compris dans une analyse pré-spécifiée du sous-groupe de personnes ayant un déficit en vitamine D (25-hydroxyvitamine D [25 (OH) D] < 20 ng/mL) à l’inclusion.
Les critères secondaires sont l'infarctus du myocarde, l’angor, l'insuffisance cardiaque, l'hypertension artérielle, les arythmies, l'athérosclérose, les accidents vasculaires cérébraux et la thrombose veineuse.
Pas de bénéfice dans le sous-groupe avec déficit en vitamine D
Une maladie cardiovasculaire est apparue chez 303 personnes (11,8%) dans le groupe de la vitamine D et 293 personnes (11,5%) dans le groupe placebo.
Des résultats similaires ont été observés chez les personnes ayant une carence ou un déficit en vitamine D à l’inclusion dans l'étude, y compris pour l’infarctus du myocarde, l'angine de poitrine, l'insuffisance cardiaque, l'hypertension et l'accident vasculaire cérébral.
En pratique
Dans certaines études épidémiologiques, il est observé un lien entre une augmentation de l'incidence des maladies cardiovasculaires et un faible taux de vitamine D. Les essais cliniques randomisés sur la supplémentation en vitamine D n’avaient pas trouvé d'effet positif de la supplémentation vitaminique D sur le risque cardiovasculaire et il avait été évoqué une dose trop faible de vitamine D comme cause principale de cette inefficacité.
Les résultats de cette étude à fortes doses de vitamine D ne soutiennent pas l’intérêt de la supplémentation en vitamine D dans la prévention des maladies cardiovasculaires, y compris à forte dose et dans le groupe des personnes ayant un déficit en vitamine D.
Cela ne veut pas dire que la vitamine D ne sert à rien pour la santé des gens, et un déficit doit être compensé, mais cela témoigne au minimum d’un effet trop faible sur l’athérosclérose pour être utilisé dans cette indication.
La supplémentation à dose physiologique reste recommandée selon les guidelines officiels, sachant que sa principale utilité est vis-à-vis de la croissance et de la prévention de l’ostéoporose. Elle aurait peut-être aussi un intérêt dans les maladies auto-immunes du fait de son rôle immunomodulateur, mais aucun effet protecteur n’a été objectivé de façon similaire dans le cancer, les maladies chroniques comme le diabète, l’asthme ou la BPCO…








