Douleur méniscale : efficacité équivalente entre exercices à domicile et kinésithérapie

En cas de douleur liée à une déchirure méniscale dégénérative, les exercices à domicile permettent une amélioration significative. L’ajout de séances de kinésithérapie ou de messages motivants n’apporte pas de bénéfice clinique supplémentaire à court terme.

La déchirure méniscale dégénérative est fréquente chez les adultes d’âge moyen, particulièrement en présence d’arthrose, où elle concerne jusqu’à 80 % des patients. Malgré une incertitude sur le lien direct entre déchirure et douleur, ces lésions sont souvent associées à une gêne fonctionnelle et à une consommation importante de soins, notamment via les méniscectomies arthroscopiques. Plusieurs essais avaient déjà montré une efficacité comparable entre chirurgie et exercices physiques supervisés.

L’essai randomisé TeMPO (Treatment of Meniscal Problems in Osteoarthritis), mené sur 879 participants âgés de 45 à 85 ans, visait à déterminer si l’ajout de kinésithérapie en présentiel ou de messages textuels de motivation permettait une réduction de la douleur supérieure à celle obtenue avec un programme d’exercices à domicile seul. Le critère principal était la variation du score de douleur KOOS à 3 mois.

Les résultats publiés dans le New England Journal of Medicine, montrent une amélioration substancielle de la douleur qui est comparable entre les groupes. Les participants qui ont consulté régulièrement un kinésithérapeute pendant trois mois, en plus du programme d'exercices à domicile, signalent un soulagement légèrement plus important de la douleur lors des suivis à six et douze mois que ceux qui ont uniquement suivi le programme d'exercices à domicile.

Efficacité équivalente entre exercice à domicile et kinésithérapie encadrée

L’ajout de séances de kinésithérapie standard ne permet pas de réduire significativement la douleur par rapport aux exercices seuls (différence de 2,5 points ; IC à 98,3 % : −1,3 à 6,2), tout comme les messages de rappel (−0,1 point ; IC à 98,3 % : −3,8 à 3,7).

L’analyse des critères secondaires confirme l’absence de supériorité de la kinésithérapie ou des rappels textuels sur les exercices à domicile seuls, tant en termes de douleur que de fonction. L’ajout de séances de kinésithérapie, qu’elles soient réelles ou simulées (manipulations et ultrasons fictifs), n’entraîne pas d’amélioration cliniquement significative à 3 mois.

À 6 et 12 mois, une tendance à une réduction légèrement plus marquée de la douleur est observée dans les groupes ayant eu un contact régulier avec un kinésithérapeute, mais sans différence significative ni correction pour multiplicité des tests. Cette observation pourrait refléter un effet contextuel lié à l’interaction thérapeutique plus qu’à l’action mécanique des soins prodigués. L’adhésion au programme d’exercices a été similaire dans tous les groupes, y compris ceux recevant des messages de rappel. La tolérance a été bonne, avec des événements indésirables peu fréquents et sans gravité, répartis de manière homogène entre les bras de l’étude.

Une étude robuste mais des résultats à nuancer selon le contexte

L’essai TeMPO, conduit dans quatre centres académiques américains, a inclus 879 patients souffrant de douleur du genou en rapport avec une déchirure méniscale et une arthrose confirmée par l’imagerie. Les participants ont été randomisés en quatre groupes : exercices à domicile seuls, avec rappels textuels, avec rappels et kinésithérapie simulée, ou avec rappels et kinésithérapie standard.

Le programme d'exercices à domicile consistait en 25 minutes d'étirements et de renforcement des membres inférieurs quatre fois par semaine. Les participants avaient reçu une vidéo et des brochures pour les guider dans les exercices à domicile. Dans les groupes de physiothérapie standard et simulée, les participants ont également consulté un physiothérapeute deux fois par semaine au cours du premier mois, une fois par semaine au cours du deuxième mois et toutes les deux semaines au cours du troisième mois. La physiothérapie standard consistait en des étirements et des exercices de renforcement musculaire, une thérapie manuelle et un entraînement neuromusculaire, tandis que la physiothérapie simulée consistait en une physiothérapie manuelle simulée et des ultrasons simulés.

Bien que les résultats soient robustes et les mesures centrées sur le ressenti des patients (KOOS), plusieurs limites affectent leur généralisabilité : la durée courte des séances (30 min), la faible représentativité des minorités ethniques, et l'impossibilité de garantir l’aveugle complet. Les auteurs soulignent que les bénéfices observés sont probablement liés à des facteurs contextuels (engagement, attention) et non à une action spécifique des techniques de kinésithérapie. Selon eux, ces résultats plaident pour privilégier les programmes d’exercices à domicile en première intention et invitent à réinterroger la place des soins en présentiel dans ce contexte.