Pneumologie
Sotatercept, aussi bénéfique dans les hypertensions artérielles pulmonaires les plus sévères !
Le sotatercept avait déjà fait la preuve de son efficacité chez les patients atteints d’hypertension artérielle pulmonaire modérée mais il serait aussi significativement efficace chez les patients sévèrement atteints et déjà traités de façon optimale. D’après un entretien avec Athénaïs BOUCLY.

Une étude, dont les résultats sont parus en mai2025 dans le New England Journal of Medicine, a cherché à démontrer l’efficacité du sotatercept dans le traitement de l’hypertension artérielle pulmonaire sévère. Il s’agit de l’essai ZENITH, de phase 3, randomisé, multicentrique et en double aveugle, qui s’est concentrée sur une population de patients atteints d’HTAP sévère, randomisés en deux bras : traitement par sotatercept versus placebo. Au total, 172 patient ont été inclus, avec 86 patients dans chaque bras. Les patients traités ont reçu 0,7 mg/kg de sotatercept par voie sous-cutanée tous les 21 jours. Les critères d’inclusion étaient la présence d’une HTAP idiopathique ou associée à un traitement médicamenteux, une connectivite ou une cardiopathie congénitale. Ils avaient tous une classe fonctionnelle NYHA 3 ou 4, un score REVEAL supérieur ou égal à 9 et ils recevaient tous un traitement à dose maximale tolérée, en bi ou trithérapie : 72% avaient une trithérapie et 59% de la prostacycline intra-veineuse ou sous cutanée. Une analyse intermédiaire d’efficacité et de tolérance a été réalisée après 59 événements atteints, comme les décès, les transplantations pulmonaires ou les hospitalisations de plus de 24 heures pour aggravation de l’HTAP.
Des études antérieures déjà très encourageantes
Le docteur Athénaïs BOUCLY, pneumologue dans le service de pneumologie et soins intensifs pneumologiques de l’Hôpital Bicêtre, au Kremlin-Bicêtre, rappelle que le sotatercept est un nouveau traitement, mis à disposition dans l’hypertension artérielle pulmonaire, avec pour mécanisme une inhibition de signalisation de l’activine. Il permet ains de rétablir la balance entre la voie de BNP et la voie de l’activine. Deux essais, déjà publiés dans le New England Journal of Medicine, l’essai PULSAR, de phase 2, et l’essai STELLAR de phase 3. Ces deux essais, qui avaient inclus des patients atteints d’hypertension artérielle pulmonaire de classe fonctionnelle 2 ou 3 de la NYHA, ont apporté des résultats positifs. Les critères fonctionnels étaient représentés par le test démarche de 6 minutes, les critères hémodynamiques par la diminution de la résistance vasculaire et les biomarqueurs par une diminution des proBNP. Le critères de morbi-mortalité était représenté par le premier événement survenant, comme le décès ou une hospitalisation en lien avec l’HTAP. Ces deux essais ont montré une diminution de 84% de ces événements chez les patients sous sotatercept, par rapport aux patients sous placebo. Athénaïs BOUCLY précise que ces résultats sont exceptionnels, pour des patients déjà traités de manière maximale (56% d’entre eux avaient une trithérapie et 37% un traitement par prostacycline intra-veineuse ou sous cutanée, ce qui rend cette molécule particulièrement intéressante. Elle ajoute que la question que s’est naturellement posée ensuite était de savoir si l’on pouvait obtenir de tels résultats chez des patients plus sévères, avec un stade NYHA 3 ou 4 et un score REVEAL augmenté, correspondant à des critères multiparamétriques, qui signe une forte probabilité de mortalité dans l’année.
Des résultats positifs même chez les patients très sévères
Athénaïs BOUCLY souligne que les résultats de cette étude sont positifs puisque les patients ayant bénéficié du sotatercept ont vu leur risque de survenue d’évènements de morbi mortalité diminuer de76% par rapport aux patients sous placebo. L’analyse en sous-groupe a montré que 7 patients sous sotatercept sont décédés (8%) versus 13 sous placebo (15%). Une transplantation a été effectuée chez un patient sous sotatercept (1%) contre 6 patients sous placebo (7%) et 8 patients sous sotatercept ont été hospitalisés pour leur HTAP (9%) conte 43 (50%) sous placebo. Les différences sont donc significatives pour les transplantations et les hospitalisations. En terme de décès, il y a une tendance à l’efficacité mais sans atteindre la significativité. Athénaïs BOUCLY précise également que la tolérance a été la même que dans les deux précédents essais. Les effets secondaires étaient principalement des épistaxis, des télangiectasies, des saignements gingivaux, des thrombopénies ou encore une élévation du taux d’hémoglobine mais aucun de ces événements indésirables n’a conduit à l’arrêt du traitement malgré leur fréquence (50%). Ainsi, elle conclue que le sotatercept est également efficace chez les patients atteints d’hypertension artérielle pulmonaire très sévère, avec une diminution significative des événements.
En conclusion, ces résultats sont très encourageants et ils incitent à traiter tous les patients atteints d’hypertension artérielle pulmonaire, modérée ou sévère, par sotatercept, d’autant que ce traitement est désormais accessible puisqu’il bénéficie d’une autorisation d’accès précoce.