Effets nocifs

Angine de poitrine : attention au risque d’ulcération avec le nicorandil

Face à la persistance des cas d’ulcération et autres complications liées aux médicaments contenant du nicorandil, l’ANSM renouvelle sa mise en garde contre ce traitement prescrit aux personnes souffrant d’angine de poitrine.

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  • 13 Novembre 2025
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    "Malgré des alertes et recommandations adressées aux professionnels de santé en 2012 et en 2015, des cas d’ulcérations et de complications graves liées à l’utilisation de médicaments contenant du nicorandil continuent d’être signalés", déplore l’agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) dans un communiqué, publié le 12 novembre 2025.

    Face à ce constat, l'organisme rappelle une nouvelle fois les risques, les contre-indications et les précautions à prendre avec ce traitement prescrit en dernière intention aux "patients atteints d’angor stable insuffisamment contrôlés ou qui présentent une contre-indication ou une intolérance aux traitements de première intention comme les bêtabloquants et/ou antagonistes calciques".

    Les ulcères peuvent apparaître à tout moment du traitement

    Il faut être particulièrement vigilant avec les médicaments à base de nicorandil. Ils peuvent provoquer des ulcérations graves, pouvant toucher simultanément plusieurs parties du corps comme la peau, les muqueuses ou les yeux. "Les ulcères peuvent apparaître dès les premières semaines de traitement par nicorandil ou plusieurs années après son initiation", précise l’ANSM.

    Elle ajoute : "les ulcérations sous nicorandil ne guérissent pas avec les traitements habituels, même après une chirurgie. Seul l’arrêt du traitement par nicorandil permet généralement la cicatrisation, en quelques semaines à plusieurs mois selon la gravité de l’atteinte".

    Les ulcères ne sont pas les seuls effets indésirables du traitement. Il peut aussi entraîner des complications sévères telles que des perforations, des fistules, des abcès, voire une hémorragie gastro-intestinale. Les personnes âgées, ainsi que celles prenant plusieurs médicaments et celles atteintes de maladies diverticulaires sont les plus à risque de rencontrer ces types de problème avec le nicorandil.

    Le nicorandil a plusieurs contre-indications

    Après avoir constaté de nouveaux cas d'ulcérations en France ainsi que des situations de mésusage, l’ANSM réitère sa consigne : "le traitement par nicorandil doit être arrêté définitivement dès l’apparition d’une ou plusieurs ulcérations, quelle que soit leur localisation. Le patient doit consulter un cardiologue afin de réévaluer la prise en charge de son angor."

    L’agence du médicament rappelle également l’ensemble des contre-indications du nicorandil :

    • hypersensibilité au nicorandil ou à l’un des excipients ;
    • choc (notamment choc cardiogénique), hypotension sévère, ou dysfonction ventriculaire gauche associée à une faible pression de remplissage ou à une décompensation cardiaque ;
    • utilisation d’inhibiteurs de la phosphodiestérase 5 ou de stimulateur(s) de la guanylate cyclase soluble (tels que le riociguat) : “ceux-ci sont susceptibles d’entraîner une baisse importante de la pression artérielle” ;
    • hypovolémie (déficit en sang) ;
    • œdème aigu du poumon.

    De plus, certaines associations médicamenteuses sont fortement déconseillées avec le nicorandil, car elles augmentent le risque d’ulcérations et d’hémorragie digestive. Il s’agit des corticoïdes et des anti-inflammatoires non-stéroïdiens (AINS), notamment l’acide acétylsalicylique (aspirine), "que ce soit en prévention cardiovasculaire ou à des doses anti-inflammatoires".

    Nicorandil et ulcérations : quand s’inquiéter ?

    L’ANSM a aussi détaillé les signes qui doivent alerter les personnes traitées avec des médicaments à base de nicorandil. Elle les invite à stopper leur traitement et à consulter rapidement leur médecin, en présence d’un ou plusieurs de ces symptômes :

    • des yeux rouges, douloureux, larmoyants ;
    • des ulcères (plaies) buccaux, cutanés, digestifs ou périnéaux ;
    • des saignements digestifs (sang dans les selles ou les vomissements avec du sang) ;
    • des douleurs abdominales ou amaigrissement rapide inexpliqué.

    Les experts de l’ANSM recommandent également de s’adresser à son docteur avant de prendre en même temps que le traitement par nicorandil, un médicament destiné à soigner une inflammation ou des problèmes cardiovasculaires (corticoïdes, médicaments anti-inflammatoires non-stéroïdiens...). "Si ces médicaments sont pris en même temps qu’un traitement à base de nicorandil, les ulcérations risquent de survenir plus fréquemment et plus sévèrement", préviennent-ils.

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