Oncologie

Le coût de l’immunothérapie, un enjeu de santé publique

L’innovation a un prix, et celui-ci est en constante augmentation. Adapter la dose des immunothérapies au poids du patient pourrait permettre d’alléger significativement le poids financier de ces traitements et ainsi pérenniser leur accès pour tous les malades.

  • Vitalii Petrushenko/iStock
  • 12 Jan 2023
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    Les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires ont révolutionné la prise en charge des traitements anti-néoplasiques. Le plus souvent, ils permettent effectivement une réponse durable. Cependant, le coût de ces traitements étant élevé, leur prescription met en tension les systèmes de santé des pays prescripteurs. Le risque étant que la pression financière exercée limite l’accès à ces molécules onéreuses à l’avenir.

    Dans un article publié dans The Lancet en Décembre 2022, Ruben Malmberg et al. proposent des stratégies de dosage pour tenter de limiter le coût des molécules.

    Considérations pharmacologiques

    Les auteurs prennent l’exemple du pembrolizumab et du nivolumab, deux anti PDL-1. D’un point de vue pharmacologique, les inhibiteurs de points de contrôle immunitaires ont une élimination basée sur un processus de catabolisme protéolytique.

    Aux concentrations thérapeutiques, il s’agit d’un processus long. En effet, la demi-vie de ces molécules est estimée à 25 jours pour le pembrolizumab et 26,7 jours pour le nivolumab. Par ailleurs, ces molécules sont plus facilement internalisées lorsqu’elles sont à faible concentration. A faible dose, ce processus d’internalisation accélère donc leurs éliminations.

    Bénéfice médical du dosage basé sur le poids

    A ce sujet, la dose thérapeutique d’un anti-néoplasique est généralement associée au poids du patient (en mg/kg) ou à la surface corporelle (en g/m²), afin de limiter la variation inter-individuel. L’utilisation d’un dosage basé sur le poids permet de limiter l’exposition des patients de petit poids et de permettre une meilleure exposition pour les patients de poids élevé.

    Cependant, afin de faciliter la manipulation et la préparation des immunothérapies, une dose fixe a été choisie pour la plupart de ces molécules. Cette pratique entraine, la plupart du temps, une surexposition des patients.

    Bénéfice financier du dosage basé sur le poids

    Les auteurs proposent un dosage hybride du pembrolizumab et du nivolumab. Ce compromis associe un dosage basé sur le poids et, dans certaines situations, un dosage fixe. En effet, une dose maximale est déterminée et reste fixe pour les patients au-delà d’un certain poids. De plus, une dose-poids est proposée pour les patients de poids inférieur. Ceci a été simulé dans le système de santé Néerlandais avec les prix des traitements en vigueur et les économies potentielles ont été estimées.

    Pour le pembrolizumab à la dose de 200 mg toutes les 3 semaines par exemple, si une posologie hybride était proposée à 100 mg toutes les 3 semaines pour les patients de poids < 65 kg et à 150 mg pour les patients de poids ≥ 65 kg, une économie de 2 025 284 € sur une année pourraient être réalisée.

    Autre exemple, si le nivolumab à la dose de 480 mg toutes les 4 semaines, quel que soit le poids,  était proposé à la dose de 6 mg par kilogramme toutes les 4 semaines, avec un maximum de dose ne dépassant pas 480 mg, une économie annuelle de 891 890 € pourrait être réalisée.

    Une problématique à anticiper…

    Cet article met en lumière la problématique à venir du coût des traitements innovants lorsqu’ils sont prescrits et administrés à un grand nombre de patients. Le risque principal est l’incapacité des systèmes de soins à pouvoir financer ces traitements ce qui limiterait leur accès pour les patients.

    Une réflexion sur les économies potentielles, via des règles de dosages adaptées, pourraient être une solution à moyen terme.

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    JDF