Infectiologie

Covid-19 et Omicron : les antiviraux spécifiques moins intéressants après vaccination

Chez les patients vaccinés et à haut risque, le molnupiravir ne diminuerait pas le nombre de décès ou d'admissions à l'hôpital, mais pourrait favoriser un rétablissement plus rapide des malades.

  • Plyushkin/istock
  • 28 Déc 2022
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    Des études antérieures, menées chez des patients non vaccinés, ont montré que le molnupiravir, un antiviral spécifique du SARS-CoV-2 pouvait réduire les l'hospitalisations chez les patients infectés avec un Covid-19 léger à modéré et l'OMS recommande actuellement son utilisation chez les patients avec un risque très élevé d’hospitalisation. Cependant, ces études ont jusqu'à présent été menées dans des populations largement non vaccinées et avant l'émergence du sous-variant Omicron.

    Selon les résultats d'un essai contrôlé et randomisé, publiés dans The Lancet, le molnupiravir (800 mg deux fois par jour pendant cinq jours) ne réduirait pas les hospitalisations ou les décès chez les adultes vaccinés avec un risque élevé de décès en cas d’infection Covid-19. Toutefois, les patients traités à domicile avec du molnupiravir se seraient rétablis plus rapidement que le groupe témoin. Ce nouvel essai a été réalisé dans une population majoritairement vaccinée, où la plupart des infections Covid-19 étaient avec le sous-variant Omicron, et il serait donc plus représentatif de la situation actuelle.

    Un essai randomisé national

    PANORAMIC est un essai randomisé, anglais, multicentrique, en ouvert, prospectif. Il a porté sur 25 708 participants âgés de plus de 18 ans (âge moyen de 57 ans) avec un risque élevé de décès ou d'hospitalisation suite à une infection par la Covid-19 et dans différents centres de santé du Royaume-Uni.

    Les patients étaient considérés comme ayant un risque élevé d'hospitalisation ou de décès s'ils étaient âgés de 50 ans ou plus - ou âgés de 18 ans ou plus avec des maladies sous-jacentes. Les patients avaient une infection confirmée par Covid-19 avec le sous-variant Omicron et ils souffraient depuis cinq jours au plus avant le début du traitement.

    Environ la moitié des patients de l'essai (12 774 personnes) ont reçu 800 mg de molnupiravir deux fois par jour pendant cinq jours, à domicile, en plus des soins standard. Le groupe témoin de l'essai (12 934 personnes) a reçu uniquement des soins standard. 

    L'objectif principal de l'étude était de déterminer si le molnupiravir réduisait le risque d'hospitalisation ou de décès. Les objectifs secondaires concernaient le temps de récupération et les symptômes. Les patients ont rapporté leurs résultats à l'aide d'un journal quotidien en ligne pendant 28 jours de suivi. 

    Pas de réduction des hospitalisations et des décès

    Aucun bénéfice n'est observé concernant les taux d'hospitalisation ou de décès entre le groupe traité par le molnupiravir et le groupe témoin, le critère primaire de l’étude. Dans le groupe traité par le molnupiravir, il y a eu 105 cas de décès ou d’hospitalisation (0,8%), tandis que dans le groupe témoin, il y a eu 98 cas de décès ou d’hospitalisation (0,8%).

    Les participants du groupe molnupiravir rapportent cependant des résultats plus favorables pour nombre de critères secondaires : la durée moyenne médiane de la maladie chez les patients ayant pris du molnupiravir est de neuf jours, contre 15 jours dans le groupe témoin.

    À l'aide d'une modélisation statistique tenant compte de l'éventail des temps de rétablissement dans les deux groupes, les auteurs observent que les patients prenant du molnupiravir se rétabliraient en moyenne 4,2 jours plus rapidement que les patients du groupe témoin. 

    Une nouvelle situation épidémique

    S'il est essentiel de veiller à ce que les patients les plus fragiles et les plus à risque soient susceptibles de bénéficier d'un traitement antiviral spécifique du SARS-CoV-2, tel que le molnuvirapir, l'utilisation d'antiviraux pour traiter des patients qui ne sont pas susceptibles d'en bénéficier comporte le risque de favoriser l’émergence de résistances à ces antimicrobiens, de gaspiller des ressources (ce sont des traitements coûteux) et d'exposer les malades à des complications inutiles.

    Dans un éditorial associé, il a été déclaré que la réduction des symptômes à court et à long terme, ainsi que les effets sur la clairance virale, pourraient être un point important dans les environnements à haut risque, tels que les maisons de retraite, en termes de réduction potentielle de la propagation de l'infection chez des personnes à haut risque. Le molnupiravir, qui n’est pas l’antiviral spécifique du SARS-CoV-2 le plus efficace, pourrait également présenter des avantages pour les hôpitaux et les centres de santé, en particulier lors des poussées épidémiques, en permettant potentiellement aux professionnels de santé de retourner plus rapidement au travail en toute sécurité.

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    JDF