Pédiatrie

Bébés coca : des leçons majeures à tirer de ce buzz médiatique

Le fléau des « bébés coca » de la métropole lilloise fait le buzz ces derniers jours. Il s'agit de jeunes enfants biberonnés aux boissons sucrées à qui l'ont doit ensuite arracher des dents de laits gravement cariées. Derrière ces infos chocs se cachent des inégalités d'accès aux soins dentaires et une politique de santé publique défaillante. 

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  • 18 Jun 2022
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    Depuis quelques jours, les « bébés coca » ont beaucoup parler d'eux dans les médias. Ce surnom a été donné dans la presse à ces jeunes enfants de la métropole Lilloise de 1 à 6 ans biberonnés aux boissons sucrées, qui développent des caries et à qui il n'est pas rare d'avoir à arracher les dents de lait à peine sorties...

    A l'origine du buzz, une enquête publiée par Médiacités, s'appuyant entre autres sur le témoignage d'une dentiste lilloise Angéline Leblanc qui côtoie au quotidien ces enfants en proie aux ravages dentaires des sodas. Elle avait soutenu en 2020 une thèse d'exercice étudiant le profil des enfants consultant pour caries précoces (avant 6 ans) au CHU de Lille, mettant en avant la consommation régulière de boissons sucrées pour la quasi-totalité des enfant inclus.

    Au-delà du lien entre consommation de boissons sucrées et développement de caries qui n'est plus à prouver, le buzz est aussi l'occasion d'alerter sur les inégalités d'accès aux soins bucco-dentaires et de repenser les stratégies de prévention de consommation de boissons sucrées chez les enfants.

    Il y a 20 ans, le Nord de la France déjà pointé du doigt dans le domaine de la santé bucco-dentaire

    Toutes les classes sociales peuvent être concernées par la méconnaissance des dangers liés à l'ingestion de boissons sucrées et par l'apparition de caries. La journaliste Médiacités en charge de l'enquête l'évoque, certes de manière un peu caricaturale, mais le message est là : « Parmi ceux qui ne jurent que par le bio, beaucoup oublient que dans les jus de fruit... il y a du sucre en quantité ! ».

    Pour ce qui est des ravages de ses boissons, les inégalités sont, elles plus flagrantes. La dentiste Angéline Leblanc le souligne « [les familles] les plus aisées vont aller chez le dentiste dès la première tâche et ne se retrouveront pas avec des enfants en grande souffrance à qui il faut arracher des dents ». Les inégalités, plus globales, en termes de soins bucco-dentaires peuvent s'observer à l'échelle nationale et elles ne datent pas d'hier.

    Déjà, il y a 20 ans une enquête de la Drees citée par la journaliste, mettaient en avant de grandes disparités dans notre pays en termes de prévalence de caries non soignées chez les enfants de 5 à 6 ans. Et devinez une des régions où les chiffres étaient les plus haut ? Le Nord de la France, déjà pointé du doigt à l'époque : 17,1% des enfants originaires de cette région inclus dans l'étude avaient à l'époque au moins deux caries non-soignées pour une moyenne nationale autour de 9,5%.

    Des solutions drastiques devraient être envisagées

    L'enquête Médiacité décrit de ponctuelles initiatives développées par les professionnels de la petite enfance de la métropole lilloise pour sensibiliser les parents aux risques des boissons sucrées. Parmi elles, ces flyers sur l'hygiène bucco-dentaires distribués à la sortie des écoles qui ont permis à la journaliste de découvrir l'existence de ces « bébés coca ». Mais c'est bien sûr insuffisant face au fléau.

    Une politique nationale semble plus que nécessaire pour limiter les dégâts des boissons sucrées chez les enfants. Peut-être faudrait-il alors prendre exemple sur certains pays qui ont pris des mesures drastiques dans ce domaine. C'est le cas du Chili, en proie, lui, à une « épidémie d'obésité infantile ». Ce pays, a mis en place une intervention gouvernementale musclée contre un ensemble de produits industriels à risque, dont les boissons sucrées. Le Gouvernement a imposé des étiquetages choc sur les produits concernés, une interdiction de vente dans les écoles, de sévères restrictions sur leur marketing et la taxe la plus élevée au monde sur les boissons sucrées. Et les résultats ont rapidement été positifs : la consommation de boissons sucrées a chuté de 25% les 18 mois ayant suivi l'implantation de la loi.

    Les autorités sanitaires vont-elles enfin agir ?

    Espérons donc que le buzz médiatique des « bébés coca », en plus de sensibiliser les parents concernés, oblige les autorités sanitaires à se saisir réellement de ce problème de santé publique.

    Sinon, comme le conclue l'enquête Médiacités, les actions individuelles qui épuisent les professionnels de terrain et n’empêchent pas les jeunes enfants de se voir arracher des dents de lait, resteront « un minuscule pavé dans une immense mare de ... Coca 

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    JDF