Traumatologie

Ski : l'entorse grave du pouce, une lésion à ne pas louper

L'entorse du pouce est une lésion très fréquente lors d'une chute en ski. Moins connue que son homologue du genou, elle est en plus facilement banalisée du fait d'une faible douleur associée. Pourtant elle peut nécessiter une intervention chirurgicale urgente.

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  • 16 Jan 2022
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    L'entorse du pouce suite à une chute en ski, ou « pouce du skieur », est sous diagnostiquée alors qu'elle représente plus de la moitié des lésions à type d'entorse de ce sport. Elle touche la première articulation métacarpo-phalangienne dont la stabilité est conditionnée par l'intégrité de deux ligaments : le ligament latéral externe et le ligament latéral interne (LLI). Dans 9 cas sur 10, c'est ce dernier qui est atteint lors du traumatisme.

    Lorsque le skieur chute, le pouce séparé du reste de la main par le manche du bâton subit une forte abduction en tombant dans la neige, à l'origine d'un étirement du ligament pouvant aller jusqu'à la déchirure. Malgré une présentation clinique pouvant être discrète et faussement rassurante, un examen rigoureux voir une consultation spécialisée sont nécessaires pour ne pas méconnaître une entorse grave, nécessitant une prise en charge chirurgicale sous 10 jours.

    Un examen clinique à réaliser par un professionnel aguerri

    L'importance de la douleur n'étant pas corrélée à la gravité de l'entorse, tout patient se présentant avec une douleur du pouce suite à un traumatisme en ski doit être examiné consciencieusement. L'examen clinique doit être systématiquement précédé d'une radiographie pour éliminer une fracture ou arrachement osseux.

    Le diagnostic de gravité est spécialisé et doit être réalisé par un praticien aguerri. Il sera porté après examen clinique comparatif de la laxité des articulations métacarpo-phalangiennes des deux pouces. L'entorse peut alors être classée parmi 3 stades. Elle est bénigne en cas de simple étirement du LLI, sans laxité clinique franche, l'entorse de moyenne gravité signe quant à elle une rupture partielle du LLI avec laxité clinique modérée et l'entorse est grave si l'examen retrouve une laxité franche (+35° par rapport au côté sain).

    En cas de doute diagnostic, l'examen peut être complété par une échographie ou une IRM. Ces examens permettent notamment de rechercher le redouté « effet Stener ». Celui-ci correspond à une interposition de l’aponévrose de l’adducteur du pouce entre les parties distale et proximale du LLI rompu empêchant dès lors toute cicatrisation sans intervention chirurgicale.

    En cas d'entorse grave, une prise en charge chirurgicale impérative dans les 10 jours

    La prise en charge est conditionnée par le degré de gravité de l'entorse. En cas d'entorse bénigne ou de moyenne gravité, le traitement sera conservateur avec orthèse pendant respectivement 10 jours ou 3 semaines. En cas d'entorse grave, le traitement chirurgical est systématique. L'intervention doit être réalisée dans les 10 jours suivant le traumatisme, d'où l'importance de ne pas louper le diagnostic.

    En effet, au-delà de ce délai il existe un risque de rétraction ligamentaire du LLI rendant difficile, voire impossible, la suture chirurgicale. Le patient risque alors de présenter une laxité chronique dont le traitement nécessitera une intervention plus lourde pour réaliser une ligamentoplastie. Après la chirurgie, le pouce sera immobilisé 6 semaines et une rééducation impérative doit être débutée dès la 4ème semaine pour limiter l'enraidissement et récupérer ensuite la fonctionnalité de l'articulation.

    La technique du bâton de ski joystick pour prévenir l'entorse

    Le risque d'entorse du pouce peut être limité en tenant le bâton de ski comme un joystick, pour limiter le contact du pouce avec la neige lors de la chute. On peut aussi essayer de le lâcher en cas de chute, mais gare au retour de bâton !

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    JDF