Diabétologie
Covid-19 : la graisse est à risque pour le pronostic de l’infection à SARS-CoV-2
Chez l’obèse, la graisse corporelle, et en particulier viscérale, pourrait s'infecter et constituer une sorte de réservoir du SARS-CoV-2 avec état inflammatoire local et hyperactivation des macrophages, pouvant favoriser le passage à des formes graves.
- Pavel_Chag/istock
Dès le début de la pandémie en occident, les formes graves de l’infection à SARS-CoV-2 sont apparues plus fréquentes chez les personnes en surcharge pondérale ou franchement obèses.
Bien que ces patients aient souvent d’autres problèmes de santé associés, comme un diabète de type 2 ou une hypertension artérielle, qui aggravent leur niveau de risque, les scientifiques sont de plus en plus convaincus que leur vulnérabilité a quelque chose à voir avec l'obésité et la graisse elles-mêmes.
Une équipe de chercheurs a découvert que le coronavirus infecterait à la fois les cellules adipeuses et des cellules immunitaires présentes dans la graisse corporelle, certains macrophages, provoquant une réaction inflammatoire néfaste pour l'organisme.
Une étude encore en pré-print
Cette étude n'a pas encore été validée par un comité de relecture ni publiée dans une revue scientifique : elle a simplement été mise en ligne sur le site MedRxiv. Si les résultats se confirment, ils pourraient permettre de comprendre non seulement pourquoi les patients ayant une surcharge pondérale sont vulnérables face au virus, mais aussi pourquoi certains jeunes adultes qui n’ont aucun autre facteur de risque tombent gravement malades.
D’après les auteurs de l’étude : « ce qui se passe dans la graisse ne reste pas que dans la graisse. Cela affecterait également les tissus voisins ».
Adipocytes et macrophages du tissu adipeux
Les chercheurs ont identifié deux cibles cellulaires lors d’une infection par le SARS-CoV-2 du tissu adipeux : les adipocytes matures et les macrophages du tissu adipeux.
L'ARN du SARS-CoV-2 est détectable dans les adipocytes lors des autopsies après un décès lié à la Covid-19 et il serait associé à un infiltrat inflammatoire. Les adipocytes pourraient donc être infectés, mais ils ne deviendraient pas très inflammatoires. L'infection des macrophages du tissu adipeux serait surtout limitée à une sous-population de macrophages hautement inflammatoires, présente au départ, et qui est encore plus activée lors de l'infection par le SARS-CoV-2. Les pré-adipocytes, bien que non infectés, adopteraient également un phénotype pro-inflammatoire.
Pas seulement un tissu de stockage de l’énergie
Le tissu adipeux est composé principalement de cellules graisseuses, ou adipocytes. Il contient également des pré-adipocytes, qui se transforment en adipocytes, et diverses cellules immunitaires, dont un type appelé macrophages du tissu adipeux.
La graisse corporelle était autrefois considérée comme un tissu inerte, dévolu uniquement à un rôle de stockage de l’énergie. Mais les scientifiques savent désormais que ce tissu est biologiquement actif, qu'il produit des hormones et des protéines du système immunitaire qui agissent sur d'autres cellules, favorisant un état inflammatoire systémique de faible intensité, même en l'absence d'infection.
Plus la masse graisseuse est importante, et en particulier la masse grasse viscérale, c'est-à-dire la graisse abdominale qui entoure les organes internes, plus la réponse inflammatoire serait importante. Chez certains obèses, cette masse grasse viscérale représente un compartiment très important.
Un tissu réservoir parfois très important
L'idée que le tissu adipeux puisse servir de réservoir d'agents pathogènes n'est pas nouvelle. On sait que la graisse corporelle en héberge un certain nombre, notamment le VIH et le virus de la grippe. Le SARS-CoV-2 semble pouvoir échapper aux défenses immunitaires de la graisse corporelle, qui sont limitées et incapables de le combattre efficacement une infection.
Le coronavirus peut infecter le tissu adipeux et y résider, avec ou sans lésions, avec ou sans prolifération, mais le tissu graisseux est chez certains patients le principal organe du corps humain et le réservoir du SARS-CoV-2 est, dans ces cas, très important.








