Onco-sein

Cancer du sein métastatique HER2+ : nouvel anticorps conjugué trastuzumab duocarmazine

L’étude de phase III, TULIP, comparant le (vic-)trastuzumab duocarmazine à un traitement standard dans les cancers du sein localement avancés ou métastatiques HER2 surexprimé, déjà prétraités, montre un bénéfice en survie sans progression.

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  • 25 Octobre 2021
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    Actuellement la prise en charge des cancers du sein métastatiques, ou localement avancés, HER2 surexprimé repose en 2éme ligne sur le trastuzumab emtansine (T-DM1). Pour autant de nombreuses études sont en cours pour tester de nouveaux anticorps conjugués comme par exemple le trastuzumab deruxtecan, avec des résultats très intéressants, qui vont probablement amener à un changement des pratiques.

    Le SYD985 fait partie de ces nouveaux anticorps conjugués ciblant HER2, associé à de la duocarmycine, au fort pouvoir cytotoxique, dont les données de phase I, présentées à l’ESMO 2021 (étude TULIP), sont prometteuses.

    Une population HER2+, déjà pré traitée.

    L’étude TULIP, présentée oralement au congrès de l’ESMO 2021 par C. Saura Manich montre un gain en survie sans progression du trastuzumab duocarmazine vs une chimiothérapie standard, dans les cancers du sein métastatique ou localement avancé, HER2 surexprimé, déjà pré traité.

    En pratique, 437 patientes présentant un cancer du sein localement avancé ou métastatique, HER2 surexprimé, déjà pré traité par au moins deux lignes de chimiothérapie, ou après TDM1 en situation métastatique, ont été randomisées selon un schéma 2:1 : 291 patientes dans le bras SYD985 (1,2 mg/kg en IV toutes les 3 semaines) et 146 dans le bras chimiothérapie laissée au choix de l’investigateur parmi lapatinib capecibatine, trastuzumab capecitabine, vinorelbine trastuzumab, éribuline trastuzumab jusqu’à progression ou toxicité limitante. Les patientes pouvaient être porteuses de métastases cérébrales si ces dernières étaient contrôlées.

    La stratification était basée sur l’origine géographique, le nombre de lignes ultérieures (1-2 vs >2), la présence ou non d’un traitement préalable par Pertuzumab. La population homogène dans son ensemble avait un âge médian de 56 ans, une médiane de 4 traitements antérieurs reçus dans le groupe expérimental vs 5 dans le groupe contrôle. Le délai médian entre la découverte de la maladie métastatique et l’inclusion dans l’étude était respectivement de 4 et 5 ans. Le critère de jugement principal était la survie sans progression en relecture centralisée, et les critères secondaires : la survie sans progression selon les investigateurs, la survie globale, le taux de réponse objective ainsi que la qualité de vie.

    Un bénéfice en survie sans progression.

    Concernant son critère de jugement principal, l’étude est positive : la médiane de survie sans progression en relecture centralisée est de 7 mois dans le bras SYD985 vs 4,9 mois dans le bras chimiothérapie (HR 0.64 [0.49-0.84] ; p = 0.002). La survie sans progression selon les investigateurs, également statistiquement significative, est respectivement de 6,9 mois vs 4,6 mois (HR 0.60 [0.47-0.77] ; p < 0.001).

    Concernant la survie globale, dont les données sont encore immatures, celle-ci est respectivement de 20,4 mois vs 16,3 mois (HR 0,83, p= 0,153). Concernant le taux de réponse objective et la qualité de vie, on ne notait pas de différence significative entre les 2 groupes.

    Une toxicité non négligeable.

    Concernant la toxicité, les effets secondaires rapportés les plus fréquents étaient pour le bras expérimental : la conjonctivite (38,2%), la kératite (38,2%), l’asthénie (33,3%) et pour le bras contrôle : les diarrhées (35,8%), les nausées (31,4%) et la fatigue (29,9%). Néanmoins des pneumopathies interstitielles ont été notées pour 7,6% des patientes du groupe SYD985 donc 2 de grade 5. Plus d’un tiers des patientes du groupe expérimental ont dû suspendre temporairement leur traitement pour toxicité (20,8% pour toxicité oculaire et 6,3% pour toxicité respiratoire).

    Au vu de ces résultats, on attend avec impatience les données matures de survie globale. Néanmoins se posera la question du positionnement de ce traitement au vu des résultats du trastuzumab deruxtecan en 2ème ligne dans ce même congrès. Affaire à suivre.

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