Neurologie
Covid et Alzheimer : un facteur de vulnérabilité génétique commun
Des variants du gène OAS1, facteur de risque génétique d'Alzheimer, pourraient aussi rendre une personne plus vulnérable aux symptômes graves de la Covid-19.
- Design Cells/iStock
Environ 1,2 millions de personnes sont atteintes de la maladie d’Alzheimer en France selon l’Assurance maladie. Il s’agit de la pathologie neurodégénérative la plus fréquente dans l’Hexagone. Les formes familiales ou héréditaires de cette pathologie sont très rares, elles représentent moins de 5% des patients qui en souffrent.
Selon une étude publiée dans la revue Brain, les variantes du gène OAS1, considéré comme facteur de risque de la maladie d'Alzheimer, pourraient aussi rendre un patient jusqu'à 20% plus susceptible d’avoir une forme grave de la Covid-19. Le gène OAS1 est présent dans la microglie, une population de cellules immunitaires du système nerveux central qui représentent environ 10% de toutes les cellules du cerveau.
Les variants du gène OAS1 ont un lien avec les formes graves de la Covid-19
Pour mener leurs travaux, les chercheurs ont analysé les données génétiques de 2 547 personnes. La moitié d’entre elles souffraient de la maladie d'Alzheimer. Selon leurs résultats, un variant particulier du gène OAS1, appelé rs1131454, augmenterait les risques de développer la maladie d’Alzheimer de l’ordre de 11 à 22%. Les scientifiques estiment que ce variant est très courant, présent chez plus de la moitié des Européens.
Ensuite, les chercheurs ont analysé quatre autres variants du gène et découvert que touts ceux qui augmentaient le risque de développer la maladie Alzheimer avaient également un lien avec les formes graves de la Covid-19. Dans le détail, ce gène OAS1 contrôle la quantité de protéines pro-inflammatoires libérées par les cellules immunitaires du corps.
Les chercheurs ont donc traité ces cellules afin de limiter l'impact d'une infection à la Covid-19. Celles porteuses du gène OAS1 avaient une réponse qualifiée d’exagérée face au virus. Cette réaction excessive a produit ce que les scientifiques appellent la "tempête cytokinique" - où le système immunitaire libère trop d'agents inflammatoires pour lutter contre la maladie. Le résultat est que le propre système immunitaire d'une personne attaque les tissus sains du corps, entraînant des complications potentiellement mortelles.
L’espoir d’un dépistage précoce de la maladie d’Alzheimer
"D’après nos résultats, certaines personnes peuvent avoir une susceptibilité accrue à la fois à la maladie d'Alzheimer et aux formes graves de la Covid-19, quel que soit leur âge, car certaines de nos cellules immunitaires semblent engager un mécanisme moléculaire commun dans les deux maladies”, explique Naciye Magusali, l’un des auteurs.
À terme cette découverte pourrait-elle permettre de limiter les formes graves chez certains patients ? “Si nous pouvions développer un moyen simple de tester ces variants génétiques lorsqu'une personne est testée positive à la Covid-19, il serait alors possible d'identifier les personnes les plus à risque d'avoir besoin de soins intensifs, mais il y a encore beaucoup de travail à faire pour y parvenir, conclut le Dr Dervis Salih. Nous espérons aussi que nos recherches contribuent au développement d'un test sanguin pour identifier si une personne est à risque de développer la maladie d'Alzheimer avant qu'elle ne présente des problèmes de mémoire”.
Une étape qui serait importante. En effet, comme pour beaucoup de maladies, le dépistage précoce est crucial. Repérer le plus tôt possible les premiers symptômes de la maladie d’Alzheimer permet de démarrer rapidement la prise en charge et de ralentir la progression de cette pathologie encore incurable.








