Infectiologie
Covid-19 et dette immunitaire : vers une 5ème vague l’hiver prochain ?
L'absence de stimulation immunitaire due à la circulation réduite des virus hivernaux en 2020 a induit une « dette immunitaire » chez les enfants néo-zélandais. La sévère épidémie hivernale de bronchiolite à virus respiratoire syncytial en Nouvelle-Zélande préfigure ce qui pourrait se passer en France cet hiver.
- Natee127/istock
La Nouvelle-Zélande vit actuellement une épidémie sévère d’infections à virus respiratoire syncytial (VRS) chez les jeunes enfants. Ce pays a adopté dès le début de la pandémie une stratégie « zéro-Covid » avec fermeture de ses frontières et les enfants y ont subi un confinement strict pendant l’été 2020 (qui correspond à un hiver dans l’hémisphère sud).
Ces mesures de distanciation strictes prises l'année dernière en Nouvelle-Zélande semblent avoir contribué à l’exceptionnelle sévérité de cette épidémie de virus respiratoire syncytial, ou VRS, chez des enfants rendus plus vulnérables par l’absence de contact avec ce virus en 2020. Il s’agit d’une confirmation grandeur nature du concept de « dette immunitaire » élaboré récemment par les chercheurs français.
Une épidémie beaucoup plus forte
Depuis le début de l'hiver en Nouvelle-Zélande, il y a cinq semaines, et en l’absence de mesures de distanciation en raison du succès de la stratégie « zéro-Covid », les services de pédiatrie de Nouvelle-Zélande ont vu arriver des dizaines d’enfants parfois très malades, dont de nombreux nourrissons, tandis que certaines écoles primaires ont signalé que la moitié de leurs élèves étaient absents en raison d’infections respiratoires.
Selon le New Zealand’s Institute of Environmental Science and Research, le pays a signalé 969 cas de VRS en cinq semaines, contre une moyenne de 1 743 cas sur l'ensemble des 29 semaines de la saison hivernale au cours des cinq années précédant la pandémie.
2020, une année blanche pour la grippe et le VRS dans ce pays.
Dans une année typique, la Nouvelle-Zélande connaît un pic d'infections respiratoires de juin à septembre. Mais en 2020, le pays a connu une quasi-absence d'épidémie annuelle de grippe hivernale et de bronchiolite, avec des réductions de 99,9% des cas de grippe et de 98% des cas de VRS, selon une étude publiée dans Nature en février 2021.
A ce jour, le pic de l’épidémie de bronchiolite ne serait pas encore atteint et, d’après les experts néo-zélandais, l'absence d’épidémie de VRS l'hiver dernier signifie qu'il existe une cohorte de jeunes enfants de l'année dernière, plus une nouvelle cohorte cette année, qui n'ont pas été exposés au VRS qui est un virus saisonnier, ce qui double mathématiquement le nombre d’enfants vulnérables au virus.
Une 5ème vague ?
Ces données confirment s’il en était besoin le risque d’une majoration des cas d’infections hivernales et de grippe en France et en Europe l’hiver prochain, « la 5ème vague » en quelque sorte. Pendant l’hiver 2020-2021, le nombre de cas de grippe, en France et dans les pays occidentaux, a été le plus faible jamais enregistré. En France, les nombres de consultations et d’hospitalisations pour syndrome grippal depuis fin septembre 2019 ont été parmi les plus bas rencontrés selon Santé Publique France. La tendance est la même en Europe et dans le reste du Monde.
L’immunité de groupe de la population française a pu être réduite car elle n’a pas été réveillée par le contact avec les virus en circulation cet hiver (même en cas d’infection asymptomatique), ce qui risque de nous rendre plus vulnérable d’après de nombreux scientifiques et les spécialistes français.
Les peuples européens ont la mémoire courte : ils ont oublié que l’explosion des cas de Covid-19 en Italie au début de la pandémie a été rattaché à un match de foot entre Bergame et Valence, match qui s’est déroulé en janvier 2020 à Milan car le stade y était plus grand ! Après la 4ème vague de Covid-19 en Europe, liée au variant Delta et à la coupe d’Europe de foot, il faudra peut-être s’armer de courage pour la 5ème !








