Onco-dermatologie

Néoplasies intra-épithéliales du pénis : deux voies physiopathologiques sont parfois associées.

Il est d’usage de considérer que les néoplasies intra-épithéliales (NIE) indifférenciées du pénis sont HPV-induites alors que les NIE différenciées, non HPV-induites, surviennent sur une dermatose inflammatoire chronique sous-jacente (lichen scléreux principalement). Or la survenue d’une NIE HPV-induite sur lichen scléreux n’est pas exceptionnelle et pose des problèmes thérapeutiques spécifiques.

Mots-clés :
HPV
  • 22 Mars 2021
  • A A

    Les NIE du pénis constituent des lésions pré-cancéreuses, précurseurs du carcinome épidermoïde du pénis. En histologie, on distingue les NIE non différenciées HPV-induites (dont il existe deux principales présentations cliniques, la maladie de Bowen d’une part et la papulose bowénoïde d’autre part) et les NIE différenciées non HPV-induites survenant sur une dermatose inflammatoire chronique sous-jacente, essentiellement le lichen scléreux.

    Alors que le traitement chirurgical (posthectomie et décortication du gland notamment) se discute pour les deux types de NIE, seules les NIE HPV-induites peuvent relever d’un traitement topique anti-viral (imiquimod ou 5 fluoro-uracile), justifiant un diagnostic histologique précis.
     

    Une cohorte rétrospective portant sur 345 cas de NIE du pénis

    Cette étude confirme la plus grande prévalence des NIE non différenciées HPV-induites (84,3%) et le lien entre le lichen scléreux et les NIE différenciées, un lichen scléreux étant identifié cliniquement ou histologiquement dans 100% des NIE différenciées.

    De façon plus inhabituelle, cette étude met en évidence le lien potentiel entre le lichen scléreux et les NIE HPV-induites puisque 32,2% de ces NIE étaient associées à un lichen scléreux.

    Deux voies physiopathologiques non exclusives l’une de l’autre

    Ces résultats remettent en question l’existence de deux voies physiopathologiques distinctes dans la survenue des lésions pré-cancéreuses (NIE) et cancéreuses (carcinome épidermoïde) du pénis, avec la possibilité d’un rôle concomitant d’un lichen scléreux sous-jacent et d’une infection à HPV.

    Conséquences thérapeutiques

    L’identification du caractère HPV-induit d’une NIE survenant sur un lichen scléreux du pénis a des conséquences thérapeutiques. En effet, le traitement dermocorticoïde du lichen scléreux pourrait potentialiser l’HPV et le traitement médical topique (imiquimod ou 5 fluorouracile) de la NIE HPV-induite pourrait aggraver la symptomatologie du lichen scléreux, plaidant pour un recours au traitement chirurgical de la NIE plutôt qu’au traitement médical conservateur.

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