Gériatrie

Alzheimer : intérêt d'un antagoniste de l'orexine dans les troubles du sommeil

Alors que les troubles du sommeil au cours de la maladie d'Alzheimer constituent bien souvent une cause d'institutionnalisation par épuisement de l'aidant, une nouvelle étude montre que le lemborexant, un antagoniste de l'orexine, pourrait significativement réduire ces troubles.

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  • 11 Février 2021
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    Les troubles du sommeil sont très fréquents chez les patients atteints de la maladie d'Alzheimer. Ils apparaissent précocement et nuisent à la qualité de vie des malades et de leurs aidants. De plus, ils pourraient d'après certaines études aggraver la maladie en favorisant le développement de plaques amyloïdes.

    Dans ce contexte, des chercheurs américains ont étudié, dans un essai clinique de phase 2, l'efficacité du lemborexant chez les personnes atteintes de cette démence à un stade modéré. La molécule appartient à une nouvelle classe de somnifères déjà commercialisés dans plusieurs pays contre l'insomnie de l'adulte : les antagonistes de l'orexine, un neurotransmetteur majeur de l'éveil. 

    Une étude de phase 2

    L'étude publiée dans le JAPD (Journal of Prevention of Alzheimer's Disease) a comparé l'efficacité du lemborexant à différentes doses (2,5mg, 5mg, 10mg, 15mg) sur les troubles du sommeil par comparaison à un placebo. 68 patients âgés de 60 à 90 ans ont été inclus et suivis sur 4 semaines, via une montre d'actigraphie analysant le rythme veille-sommeil.

    Les chercheurs notent une diminution significative de l'agitation aux doses de 2,5, 5 et 15 mg, une amélioration de la distinction veille-sommeil aux doses de 5 et 15 mg et une diminution du sommeil diurne pour la dose de 15 mg.
    Pas d'effet indésirable grave ni détérioration cognitive

    La tolérance et l'observance du traitement ont été bonnes. Les chercheurs n'ont relevé aucun effet indésirable grave, ni interruption de traitement. La prise du traitement n'a pas entraîné de détérioration cognitive sur la période de suivi (évaluation par MMS-E).

    Des résultats concordants avec d'autres études sur cette classe moléculaire

    La méthodologie de cette étude de phase 2 est robuste, avec une étude randomisée, en double aveugle et multi-centrique. Les résultats encourageants sont donc à prendre au sérieux même si le faible nombre de patients suivis et la courte période d'étude en constituent des limites.

    Les résultats sont concordants avec une précédente étude de phase 3 concernant une molécule ayant le même mécanisme d'action, le suvorexant. Contre placebo, le temps de sommeil total était augmenté et les réveils nocturnes diminués après une prise de 4 semaines de ce somnifère.
    Les antagonistes de l'orexine, un espoir

    Cette étude renforce les données sur l'efficacité de cette nouvelle classe de somnifères les antagonistes de l'orexine chez les patients avec troubles du sommeil souffrant de la maladie d'Alzheimer. De nouvelles études cliniques restent toutefois nécessaires avant une possible autorisation de mise sur le marché dans cette indication.

    En attendant, n'oublions pas l'importance et l'efficacité sur ces troubles, d'une bonne hygiène du sommeil expliquée simplement aux patients et aidants.

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