Infectiologie
Covid- 19 : rien ne prouve actuellement l'efficacité de l'ivermectine
L'ivermectine, un médicament antiparasitaire, est présentée dans de nombreuses publications internationales comme potentiellement efficace contre le coronavirus et, sur les réseaux sociaux, comme « remède miracle ». En réalité, aucune étude scientifique solide ne permet de conclure à une efficacité de la molécule.
- Sergio Yoneda/istock
De nombreuses publications sur une efficacité de l'Ivermectine contre l'infection par le Covid-19, circulent dans le monde entier. Des personnalités et des hommes politiques de certains pays la qualifient même de remède miracle et certains internautes alors convaincus de son efficacité parlent eux de « don de Dieu ».
Des qualificatifs, tout sauf scientifiques, qui symbolisent la faiblesse des preuves scientifiques actuelles concernant l'efficacité du médicament. Une nouvelle étude, publie sur le site de la Société Française de Pharmacologie et de Thérapeutique, vient enfoncer le clou.
A l'origine : une étude in vitro
A l'origine de ces affirmations, une étude australienne publiée en avril 2020 qui décrit l'efficacité de l'Ivermectine sur la réplication du virus in vitro, c'est à dire sur des cellules en laboratoire. Bien que ces données soient scientifiquement solides, il est impossible d'en conclure à une réelle efficacité clinique in vivo de la molécule.
En effet, comme l'explique la société française de pharmacologie et thérapeutique, la concentration à laquelle l'Ivermectine a un effet thérapeutique sur le virus est 35 fois plus élevé que la dose orale recommandée, impossible donc à délivrer sans risques pour la santé. De plus, les cellules étudiées, appelées cellules Vero, ne sont pas pertinentes pour explorer une infection au SARS-Cov-2 car dépourvues d'une protéine membranaire impliquées dans l'activité du virus. Ces résultats donc, bien qu'encourageant ne sont qu'une première étape dans l'étude de la molécule et ne permettent pas de conclure à une quelconque efficacité clinique, comme tout essai réalisé in vitro.
Des essais cliniques peu rigoureux
De nombreux essais cliniques, qui eux, étudient l'activité de la molécule sur l'être humain infecté par le coronavirus ont été réalisés ou sont en cours. Leurs publications par des scientifiques et leurs relais sur les réseaux sociaux ou par des personnalités publiques, comme le président brésilien ou le Dr Pierre Kory ont contribué à répandre l'information d'une efficacité scientifiquement prouvée de l'Ivermectine.
Or il n'en est rien. Certes certains essais cliniques montrent des résultats positifs sur la mortalité, mais tous présentent des biais majeurs, ne sont pas encore validés ou sont peu concluants d'un point de vue statistique. Impossible donc d'en tirer une conclusion scientifiquement validée et de promouvoir le traitement par Ivermectine.
Des études randomisées sont nécessaires
Comme le conclut la société française de pharmacologie et thérapeutique dans un article dédié « à l'heure actuelle, l'efficacité de l'Ivermectine, si tant est qu'elle existe, ainsi que la sécurité d'utilisation restent encore à prouver dans le cadre de l'infection par le SarsCov-2 ».
Pour affirmer ou infirmer l'hypothèse, des essais randomisés de grande ampleur et de bonne qualité méthodologique sont indispensables. D'ici là le doute persistera.








