Infectiologie
Sida : un malade en rémission même sans greffe de moelle osseuse
Un malade est resté en rémission après arrêt de son traitement antiviral, le seul traitement qu'il ait jamais reçu. Son cas a été exposé lors de la 23e conférence internationale sur le sida, qui s'est tenue en ligne du 6 au 10 juillet.
- Artem_Egorov/iStock
C’est une première. Un homme porteur du virus du Sida pourrait être le premier adulte à guérir de la pathologie sans avoir eu besoin d’une greffe de moelle osseuse. Son cas a été exposé lors de la 23e conférence internationale sur le sida, qui s'est tenue en ligne du 6 au 10 juillet.
Jusqu’ici, seuls deux malades ont été guéris du Sida. Surnommés “Berlin” et “Londres”, ils ont bénéficié d’une greffe de moelle osseuse avec une moelle natuellement résistante au virus. Dans ces cas-là, qui restent exceptionnels, les cellules souches transplantées ont permis d’éliminer le virus de l’organisme.
Un traitement différent
Cette fois-ci, un Brésilien de 34 ans a suivi un traitement différent. Diagnostiqué séropositif en 2012, il a testé plusieurs médicaments antiviraux puissants — notamment du maraviroc (commercialisé sous le nom de Celsentri) et du dolutégravir (Tivicay) — pour voir s'ils pouvaient éliminer le virus. Après plus de 57 semaines sans traitement, ce patient reste négatif au test de détection d'anticorps anti-VIH.
“L'important pour moi est d'avoir un patient qui était sous traitement et qui contrôle désormais le virus sans traitement”, explique à l'AFP Ricardo Diaz, expert en maladies infectieuses à l'université de São Paulo (Brésil).
Aujourd'hui, grâce au traitemet antirétroviral, on meurt de moins en moins du Sida. En 2019, 690 000 de personnes sont décédées de maladies liées au Sida dans le monde, contre 1,7 million en 2004 et 1,1 million en 2010. Néanmoins, et hormis les trois cas cités plus haut, on ne guérit toujours pas de la maladie.
Plus d'un million de personnes ont été infectées par le VIH en 2019
“Les jeunes ne se sentent pas concernés, ils n’ont pas l’impression d’avoir des relations à risque. Ils savent qu’il y a des médicaments contre le VIH mais pas toujours qu’ils ne guérissent pas… Ils ignorent qu’à long terme, sous antirétroviraux, certains patients développent des maladies cardiovasculaires ou des désordres neurologiques précoces, déplore Françoise Barré Sinoussi, présidente de l'association Sidaction et codécouvreuse du virus en 1983. Dans la population, les connaissances sont incomplètes, souvent erronées. Les jeunes ne se protègent pas assez, ils ne se font pas assez dépister”, s'inquiète encore la scientifique. En 2019, 1,7 million de personnes ont ainsi été infectées par le VIH.
Le virus de l’immunodéficience humaine (VIH) est un agent pathogène qui cible notamment les lymphocytes CD4, des cellules essentielles de notre système immunitaire. Il entraîne une infection chronique pouvant aboutir, en l’absence de traitement antirétroviral (ARV), à une immunodépression caractérisée baptisée “Sida”.








