Gynéco-obstétrique

Fibrome utérin : forte réduction des saignements avec un nouveau traitement oral

En cas de fibromes utérins, un antagoniste de la Gn-RH oral supprime la production d'hormones ovariennes et prévient les saignements menstruels abondants. Il peut être associé à un traitement hormonal substitutif à faible dose en « add back » pour réduire les complications.

  • 27 Janvier 2020
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    Près de 50 % des femmes souffrant de fibromes ont des saignements menstruels abondants et d'autres symptômes pelviens gênants (douleurs, pesanteurs…).

    Dans une étude publiée dans le New England Journal of Medicine, un antagoniste non-peptidique de la Gn-RH, rapidement réversible et administrable par voie orale, permet de réduire les saignements menstruels abondants chez les femmes souffrant de fibromes utérins.

    Efficacité même sans retentissement osseux

    Dans les 2 études randomisées versus placebo présentées, 80,4 % des femmes traitées avec l'elagolix seul (300 mg, 2 fois par jour) ont une réduction des saignements menstruels de 50% ou plus, contre 9,6% des femmes du groupe placebo.

    Parmi les femmes traitées avec l'elagolix, si l’on associé un traitement hormonal substitutif à faible dose en « add back », 72% ont une réduction de 50% ou plus et n’ont pas les effets secondaires des traitements antihormonaux.

    Intérêt du traitement hormonal en « add back »

    Les femmes traitées par l'elagolix seul ont une perte de densité minérale osseuse sur la densitométrie osseuse significativement plus importante que les femmes traitées avec le placebo, un effet secondaire connu et cliniquement significatif de cette classe de médicaments.

    A l’inverse, il n'y a aucune différence de perte de densité minérale osseuse dans le groupe traité avec l'elagolix et le traitement hormonal substitutif à faible dose en « add back » par rapport au groupe placebo (bêta-estradiol 1 mg + norethindrone acetate 0.5 mg, une fois par jour).

    Deux études versus placebo

    Au total, 790 femmes (412 dans UF1 et 378 dans UF2), âgées de 18 à 51 ans, souffrant de saignements abondants en rapport avec des fibromes utérins, ont été inscrites dans l'un des trois groupes d'étude. Un groupe a reçu l’elagolix oral, qui réduit la production des hormones œstrogène et progestérone normalement produites au niveau ovarien. Lorsque ces hormones sont supprimées, les fibromes deviennent généralement plus petits et les saignements sont réduits.

    Un deuxième groupe a reçu de l'elagolix et une faible dose d'œstrogène et de progestérone (traitement de substitution en « add-back ») dans l'espoir que ces hormones supplémentaires produiraient les mêmes effets bénéfiques mais réduiraient les effets secondaires de l'elagolix utilisé seul (comme les bouffées de chaleur et la perte osseuse pouvant conduire à l’ostéoporose). Un troisième groupe a reçu des pilules placebo identiques qui ne contenaient ni l'elagolix ni les hormones « add-back ».

    L'échographie a confirmé que toutes les femmes participant aux deux essais identiques avaient des saignements menstruels abondants en rapport avec des fibromes utérins (plus de 80 ml de sang perdu par cycle) pendant au moins deux cycles.

    Une nouvelle stratégie pour réduire la chirurgie

    Pour de nombreuses femmes souffrant de fibromes, les symptômes graves comme les saignements ont un impact majeur sur la qualité de vie. La chirurgie ou l'embolisation sont généralement recommandées lorsque ces symptômes sont invalidants et résistants au traitement médical.

    La chirurgie la plus couramment utilisée pour traiter les fibromes est l'ablation de l'utérus (hystérectomie), bien que dans certains cas, l'ablation des fibromes et la réparation de l'utérus (myomectomie) soient possibles. Dans les deux cas, il s’agit d’une intervention chirurgicale non négligeable.

    Un traitement oral, facilement réversible et, qui peut être combiné avec une substitution hormonale à faible dose en « add back », sans perte d'efficacité pour réduire les saignements menstruels abondants, tout en évitant les bouffées de chaleur et la perte osseuse, cela pourrait être un grand progrès pour de nombreuses femmes (20 à 40%).

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