Pédiatrie

Maladie de Kawasaki : virus responsable identifié et test diagnostique en vue

En analysant des anticorps produits par des plasmablastes clonaux du sang périphérique chez des enfants atteints de la maladie de Kawasaki, une équipe de chercheurs a trouvé un virus non identifié auparavant mais qui serait responsable de la maladie. Ceci laisse enfin espérer un test de diagnostic rapide.

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  • 29 Avril 2019
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    Une nouvelle étude identifie les antigènes viraux ciblés par la réponse anticorps oligoclonale observée au cours de la maladie de Kawasaki chez l’enfant. Il s’agit d’un nouveau virus humain, étroitement lié aux hépacivirus, et doté d'une porte d'entrée respiratoire.

    Ces résultats suggèrent fortement que ce virus, et son infection respiratoire, sont étroitement liés à la maladie, ce qui pourrait révolutionner le diagnostic et le traitement précoce de la maladie de Kawasaki à l'avenir. Les résultats sont présentés lors du congrès 2019 de la Pediatric Academic Societies (PAS), à Baltimore.

    Identification des anticorps monoclonaux

    Pour identifier les antigènes ciblés par la réponse anticorps de 11 enfants souffrant d’une maladie de Kawasaki avérée, les chercheurs ont identifié des plasmablastes qui ont été développés clonalement dans le sang périphérique et qui fabriquent des anticorps monoclonaux.

    Les anticorps monoclonaux de neuf des 11 enfants sont dirigés contre des corps d'inclusion situé dans le cytoplasme des cellules de l'épithélium bronchique cilié. Un sous-ensemble de ces anticorps reconnaît les peptides d'une protéine non structurelle du virus de l'hépatite et un peptide optimisé qui bloque la liaison de ces anticorps aux corps d'inclusion. Cette étude démontre la présence d'une protéine de type hépacivirus dans ces corps d'inclusion.

    Identification des protéines virales

    L'étude a isolé des plasmablastes du sang périphérique d'enfants souffrant de maladie de Kawasaki, 1 à 3 semaines après l'apparition de la fièvre, et a caractérisé la réponse à l'aide d'une PCR-RT. Elle a identifié un ensemble de plasmablastes oligoclonaux et a généré des anticorps monoclonaux à partir de ces plasmablastes. Elle a utilisé ces anticorps monoclonaux pour évaluer leur réactivité dans les tissus de la maladie de Kawasaki et à un ensemble de peptides dérivés d'épitopes de de virus animaux identifiés dans la base Immune Epitope Database and Analysis.

    L'étude révèle que les anticorps monoclonaux identifiés reconnaissent de multiples peptides provenant d'une protéine non structurale d’un hépacivirus C ou de protéines avec un épitope semblable à celui du virus de l'hépatite C. Ces résultats suggèrent fortement qu'un nouveau virus humain, étroitement lié aux hépacivirus et doté d'une porte d'entrée respiratoire, est étiologiquement lié à la maladie de Kawazaki. L'identification de cette étiologie spécifique permettra de mettre en place un test diagnostique rapide, essentiel à la meilleure prise en charge de la maladie.

    Une maladie à diagnostiquer rapidement

    La maladie de Kawasaki est une vascularite systémique fébrile qui, en l’absence de traitement, se complique d’anévrismes coronaires dans 25 à 30% des cas. Elle est la cause la plus fréquente de cardiopathies acquises chez les enfants, en particulier en Asie, et peut constituer un risque de cardiopathie ischémique de l’adulte.

    Le tableau associe une fièvre constante à des adénopathies cervicales et des signes cutanéomuqueux (conjonctivite, éruption cutanée maculo-papuleuse, desquamation des mains et des pieds, pharyngite, langue framboisée, chéilite). Sa pathogénie était jusqu’à maintenant inconnue mais une cause en rapport avec une infection virale avait été évoquée.

    Malgré de nombreuses recherches, il n’y a pas encore de test diagnostique disponible, alors qu’un diagnostic rapide est fondamental, car l’administration précoce d’immunoglobulines par voie intraveineuse, associée à de l’aspirine, réduit la fréquence des anomalies des artères coronaires à moins de 5%. Une nouvelle pièce du puzzle étiologique a été trouvée pour cette maladie systémique orpheline.

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