Pédiatrie

Autisme : réduction des symptômes encore 2 ans après une greffe fécale

Le suivi à 2 ans d’une transplantation fécale chez des enfants souffrant de troubles du spectre autistique semble montrer que l’amélioration observée initialement se poursuit. 

  • KatarzynaBialasiewicz/istock
  • 11 Avril 2019
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    Dans une étude de suivi à 2 ans d’une transplantation fécale chez 18 enfants souffrant de troubles du spectre autistique (TSA), des chercheurs ont mis en évidence une réduction de 45 % des symptômes et une diminution de 58 % des symptômes gastro-intestinaux par rapport à la période de prétraitement.

    « Nous objectivons un lien très fort entre les microbes qui vivent dans nos intestins et les signaux qui voyagent jusqu'au cerveau », a déclaré Rosa Krajmalnik-Brown, professeur à l'Institut de biodesign de l'Arizona State University (ASU) et coauteure de l'étude qui est publiée dans Scientific Reports.

    Effet à distance des greffes fécales

    Il n’est pas naturel d'associer un trouble du développement neuropsychologique à la présence d’une population particulière de bactéries dans l'intestin. Pourtant, une série d'études récentes a montré à quel point notre microbiote intestinal, qui est propre à certains groupes de personnes et à chaque personne en même temps, est lié non seulement à notre santé digestive mais aussi à notre santé cérébrale, le bon développement des circuits neuronaux et nos pensées et notre comportement en général.

    Les transplantations fécales ont été progressivement utilisées pour s'attaquer à des affections diverses : d’abord des colites infectieuses à Clostridium difficile, puis des maladies inflammatoires du colon et de l’intestin et d’autres maladies auto-immunes et, désormais, à l'obésité comme à différents troubles du fonctionnement du cerveau. Le principal intérêt de cette technique est qu’elle redonne une grande diversité de la flore bactérienne, par exemple en cas de colite à C. difficile.

    Une étude sur 18 enfants

    Dans l’étude initiale, les chercheurs avaient tenté de soulager différents symptômes neuropsychiques et digestifs de troubles du spectre autistique chez 18 enfants à l'aide d’une transplantation fécale d’un type particulier, une méthode qui implique deux semaines de traitement antibiotique, un lavage intestinal et des greffes de selle de donneurs sains sur plusieurs jours. Cette technique avait été choisie parce que les troubles digestifs sont corrélés aux troubles neuropsychiques, que le microbiote est perturbé chez les enfants autistes et que la connexion entre troubles du spectre autistique et microbiote intestinal avait été validée dans un modèle de souris.

    Avant le traitement, les enfants avaient un microbiote moins diversifié qu'un groupe témoin d'enfants. Plus précisément, il leur manquait certaines souches de « bonnes » bactéries, dont des Bifidobactéries et les Prevotella, ainsi que les Desulfovibrio. Le microbiote intestinal a changé après la greffe et cela continue d'être le cas deux ans plus tard : la diversité microbienne intestinale semble être encore plus grande aujourd'hui qu'elle ne l'était immédiatement après la greffe.

    Suivi à long terme

    Un suivi à 2 ans de cette étude a été organisé après que plusieurs familles aient rapporté une poursuite de l’amélioration des troubles de leur enfant. Cela se traduit par une diminution de 45% des symptômes du noyau central du trouble (langage, interactions sociales et comportement) par rapport à la situation initiale d'il y a deux ans.

    Alors qu'au début de l'expérience, 83% des enfants étaient considérés comme atteints de troubles du spectre autistique « graves », ce pourcentage est tombé à 17% lors du suivi et 39% seraient considérés comme « légers » ou « modérés » et 44% seraient sous le seuil pour les TSA « légers ».

    En parallèle, une amélioration spectaculaire des troubles gastro-intestinaux est observée (58%). Ces troubles digestifs touchent habituellement entre 30 et 50% des personnes souffrant de troubles du spectre autistique, ainsi que tous les enfants qui avaient participé à l'étude initiale. Seulement deux enfants ont obtenu une réduction des troubles digestifs inférieure à 50%.

    Encore du travail à faire

    Cette étude démontre donc les connexions étroites qui existent entre le fonctionnement du cerveau d’enfants atteints de troubles du spectre autistique et leur microbiote intestinal, celui-ci étant responsable de la sécrétion de substances ou de réactions immunitaires qui jouent un rôle dans tout l’organisme.

    Même si ces résultats semblent extrêmement prometteurs, particulièrement pour les enfants atteints d'une forme « grave » de troubles du spectre autistique, il ne s’agit certainement pas d’un traitement universel.

    Si ces résultats sont confirmés dans une étude de plus grande taille versus placebo, en améliorant encore la technique de greffe, il ne s’agira cependant que d’une des étapes du traitement global de l’enfant, visant à soulager certains des symptômes et les problèmes gastro-intestinaux.

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