Cardiologie
REDUCE-IT : les oméga-3 réduisent les événements cardiovasculaires sur la durée
La prescription d’une dose de 4 grammes d’oméga-3 par jour pourrait aider à prévenir les complications cardiovasculaires primaires et secondaires chez les patients atteints d’une maladie cardiaque ou de diabète.
- ThitareeSarmkasat/iStock
Aussi connu sous le nom d’oméga-3, l'acide eïcosapentaénoïque (ou EPA) pourrait être un moyen rentable et efficace de prévenir la survenue de complications cardiovasculaires chez certaines personnes à risque, et en particulier celles qui gardent des triglycérides élevés sous traitement hypolipémiant.
C’est ce que met en lumière une nouvelle analyse de l'étude REDUCE-IT présentée lors de la 68e séance scientifique annuelle de l’American College of Cardiology qui analyse non seulement les évènements initiaux mais ceux qui surviennent plus tard. Selon ses auteurs, la prescription d'EPA (ou icosapent ethyl) réduirait de façon significative la survenue d'événements ischémiques primaires, secondaires et totaux, y compris les infarctus, les AVC et les décès connexes, chez les personnes à risque cardiovasculaire avec persistance de triglycérides élevés malgré un traitement par statine.
Une réduction de 30% des accidents cardiovasculaires
Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs ont suivi pendant 5 ans 8 179 patients présentant un risque cardiovasculaire et déjà traités par des statines. Tous avaient également un taux élevé de triglycérides dans le sang (135 à 499 mg/dL). Environ 70 % des patients de l'étude avaient une maladie cardiovasculaire établie et les autres étaient diabétiques sans maladie cardiovasculaire connue, mais avec au moins un facteur de risque cardiovasculaire supplémentaire. Au départ, les taux médians de triglycérides étaient de 216 mg/dL et le taux médian de cholestérol LDL était de 75 mg/dL.
Les participants à l’étude ont ensuite été répartis aléatoirement en deux groupes : l’un recevant un placebo, l’autre recevant 2 grammes d’EPA, deux fois par jour. Les résultats au bout de 5 ans sont sans appel : comparativement au placebo, l’EPA réduit de 30 % le taux combiné de décès cardiovasculaires, d'infarctus du myocarde ou d'accidents vasculaires cérébraux non mortels, d'interventions pour une coronaropathie comme la mise en place d'un stent ou d'hospitalisations pour angor instable.
Par ailleurs, chez les patients prenant de l’EPA, les premiers événements ischémiques ont été réduits de 25 %, les deuxièmes événements de 32 %, les troisièmes événements de 31 % et les quatrièmes événements ou plus ont été réduits de presque la moitié (48 %). Le médicament a également permis d'éviter 1 décès d'origine cardiovasculaire sur 5.
Des effets anti-inflammatoires
"En examinant l'ensemble des événements cardiovasculaires, non seulement les premiers, mais aussi les suivants, nous constatons que le médicament permet de réduire encore davantage les événements ischémiques. En ne considérant que les premiers événements, nous sous-estimons le véritable bénéfice sous-jacent du traitement offert", affirme Deepak L. Bhatt, directeur exécutif des programmes cardiovasculaires interventionnels au Brigham and Women's Hospital, professeur de médecine à la Harvard Medical School et auteur principal de cette étude. "Du point de vue du patient et du médecin, l'impact de l'icosapent éthyl sur l'ensemble des événements est ce qui compte le plus."
Selon les auteurs de l’étude, l’EPA a aussi montré des bienfaits cardiovasculaires constants dans tous les sous-groupes de patients, y compris chez ceux présentant des taux élevés de triglycérides. Cela suggère ainsi que cette forme pure et stable d’oméga-3 a non seulement comme effet d’abaisser les taux de triglycérides responsables de nombreux accidents cardiovasculaires, mais aussi qu’elle possède des propriétés anti-inflammatoires, des mécanismes antithrombotiques et un effet sur la stabilisation de la membrane cellulaire.
"Avec ce médicament, nous ne prévenons pas seulement le premier infarctus mais aussi le deuxième et peut-être le troisième qui peut être mortel", explique le Pr Bhatt. "La prévention de ces événements cardiovasculaires secondaires pourrait améliorer l'état de santé et la qualité de vie des patients et réduire le coût total des soins médicaux.








