Neurologie

Sclérose en plaque : la consommation de boissons sucrées l'aggraverait

Les boissons sucrées sont associées à une aggravation des symptômes chez les personnes souffrant de sclérose en plaque, alors qu’il n’y aurait pas de lien évident entre les autres composants de l’alimentation et l’évolution de la maladie.

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  • 06 Mars 2019
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    Chez les personnes souffrant de sclérose en plaques (SEP), boire environ 290 calories par jour de soda ou d'une autre boisson sucrée (sodas, jus de fruits, thés et cafés sucrés…), soit l'équivalent de deux canettes de soda non diététique, est associé à des symptômes plus sévères et à un degré d'invalidité plus élevé (par comparaison aux SEP qui consomment rarement des boissons sucrées).

    Un argument supplémentaire pour prendre en compte l’alimentation au cours de la prise en charge d’une maladie auto-immune. Ce sont les résultats d’une étude pilote présentée au 71e congrès annuel de l'American Academy of Neurology.

    Une étude sur les liens entre alimentation et SEP

    L'étude a inclus 135 personnes atteintes de SEP. Les malades ont été évalués pour leur handicap au moyen d’une échelle standardisée et ils ont rempli un questionnaire sur leur régime alimentaire.

    Les chercheurs ont ensuite examiné dans quelle mesure le régime alimentaire de chaque participant était proche du régime DASH (Dietary Approaches to Stop Hypertension), un régime qui est associée à un risque moins élevé de maladies chroniques telles que l'hypertension, le diabète et les maladies cardiovasculaires et qui a pu être associé à une amélioration des maladies auto-immunes.

    Le régime DASH recommande la surreprésentation dans la ration alimentaire de grains entiers, de fruits et légumes, de noix, de légumineuses, de produits laitiers allégés, de viandes maigres (volailles) et le poisson, et limite les aliments riches en sucres et en graisses saturées.

    Pas de lien entre régime alimentaire et invalidité

    Dans l'ensemble, les chercheurs n'ont trouvé aucun lien entre le type d’aliments que les participants ont consommé et leur degré d'invalidité. L'étude a, par contre, révélé que les malades qui consomment les plus grandes quantités de boissons sucrées sont cinq fois plus susceptibles de présenter une invalidité grave que ceux qui boivent rarement ce type de boissons sucrées.

    Un élément totalement inattendu dans la mesure où ce sont plutôt la consommation d’acides gras oméga-3 ou de vitamine D qui avait jusqu’ici été impliquée. Sur les 34 personnes du groupe qui consomment en moyenne 290 calories de boissons sucrées par jour (quintile supérieur), 12 ont un handicap grave, contre seulement 4 des 34 personnes qui n’en consomment que rarement (quintile inférieur). Le score d'invalidité moyen du quintile supérieur est de 4,1 points, tandis que celui du quintile inférieur est de 3,4 points.

    Faire attention au régime alimentaire

    Selon le Dr Elisa Meier-Gerdingh, du St. Josef Krankenhaus, à Bochum, en Allemagne, et premier auteur de l’étude : « Bien que nous n'ayons pas trouvé de lien avec le régime alimentaire en général, il est intéressant de noter que nous avons trouvé un lien avec ceux qui buvaient des sodas, des jus de fruits aromatisés, des thés et des cafés sucrés ».

    Il n’est bien sûr pas possible dans ce type d’étude (sans tirage au sort) d’établir une relation de cause à effet, mais l’association est suffisamment forte pour que ce lien boissons sucrées-invalidité soit étudié dans une étude plus large. Il n’est, en effet, pas possible de distinguer s’il s’agit d’un aspect de l’alimentation, comme les boissons sucrées, qui contribue à augmenter l’invalidité ou si c’est la maladie qui affecte la capacité d'une personne à avoir une alimentation saine.

    En pratique

    Les liens entre alimentation et maladies auto-immunes sont difficiles à analyser mais il est incontestable que l’alimentation modifie le microbiote intestinal et que celui-ci a des interactions fortes avec le système immunitaire, y compris dans la sclérose en plaque.

    Au cours d’une maladie auto-immune, les questions des malades sont nombreuses sur l’alimentation et laquelle serait la plus à même d’améliorer leur état (comme cela se fait au cours des maladies métaboliques chroniques). Même si les données sur les rapports entre alimentation et sclérose en plaque sont limitées, cette étude a le mérite d’inciter les médecins à y accorder une certaine importance, ne serait-ce que pour éviter à leurs malades de suivre les nombreux régimes parfois aberrants qui sont disponibles sur internet.

    Des études nutritionnelles supplémentaires sont nécessaires pour vérifier si les boissons sucrées ont un effet sur l'évolution de la maladie.

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