Santé publique

Cour des comptes : des propositions pour une politique vaccinale plus ambitieuse

Le rapport annuel de la Cour des comptes s’est intéressé au délicat sujet de la vaccination, pour comprendre pourquoi le taux de couverture en France est un échec, en dépit des innombrables campagnes coûteuses, consacrées au sujet depuis des années. Et la vénérable et très écoutée institution de la rue Cambon, au-delà de son jugement, se veut force de proposition…  

  • NikiLitov/Epictura
  • 07 Février 2018
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    La cour des comptes   commence par saluer l’extension de la vaccination obligatoire à 11 vaccins, depuis le 1er janvier. Pour elle la polémique sur cette décision  est close, et elle salue l’initiative du gouvernement.
    Elle fait sienne la vérité première de la vaccination qui dit que celle-ci est  d'autant plus efficace si l'ensemble de la population est vacciné
    C’est un acte de prévention qui permet de se protéger soi-même contre des microbes mais également d’en protéger les autres. En effet, se vacciner permet de diminuer la transmission microbienne à des personnes vulnérables comme les nouveau-nés dont le système immunitaire ne fonctionne pas encore bien. A titre d’exemple, si dans la majorité des cas la coqueluche est bénigne pour l’adulte, elle peut se révéler fatale pour un nourrisson qui, lui, n’aura pas encore les armes adéquates pour se défendre.
    En France, la vaccination a permis d’éradiquer du territoire plusieurs maladies comme la poliomyélite ou de diminuer significativement l’apparition de nouveaux cas de rougeole. Il est faux de penser qu’il n’y a plus besoin de se faire vacciner contre ces maladies puisqu’elles ont disparues. Au contraire, ne pas se faire vacciner augmente le risque de les voir réapparaître.
    Alors la cour essaie de comprendre pourquoi les campagnes sont un échec relatif et elle montre du doigt les différents gouvernements qui se sont succédés rue de Ségur. La responsabilité de l’état est établie, mais cela ne suffit pas :
    "La vaccination obligatoire ne suffira pas à elle seule à restaurer durablement la confiance et l’adhésion qui doivent être recherchées pour entretenir durablement une dynamique de mobilisation autour d’un outil majeur de santé publique".
    La Cour propose des solutions. Trois principales 

    Vacciner à l’école.

    Les Sages plaident pour "recourir à l’école comme lieu de vaccination, mesure qui a prouvé son efficience dans de nombreux pays comme la Grande-Bretagne, l’Australie et la Suède". 
    C’est une mauvaise tradition dans notre pays de ne pas faire de l’école un lieu de prévention et surtout d’éducation pour la santé, enfin efficace. Une affirmation qui, à chaque fois fait pousser des cris  d’orfraie aux responsables de l’Éducation Nationale.
    Poussé par la Cour, le message passera sans doute mieux, mais les ligues anti-vaccinale seront là pour politiser le débat.
    Toutefois, l’exemple des « gestes qui sauvent » est là pour démontrer les lacunes de notre système éducatif santé : ces gestes étant dans notre pays « mémorisés » par moins de 30% de la population, alors que dans les pays où la formation se fait chez les enfants, comme en Suède, on obtient des taux supérieurs à 90%
    Alors la vaccination à l’école certainement une bonne idée, mais bon courage pour la faire accepter et surtout l’organiser avec la logistique sanitaire que cela suppose.  

    Faire vacciner par les autres professions de santé :

    La cour demande de revenir sur la suspension de l’obligation vaccinale contre la grippe pour les professionnels de santé, qui est effectivement une mesure tellement empreinte de bon sens, qu’on peut se demander pourquoi elle fait encore place à la discussion.
    Elle demande ensuite, que les infirmiers et les pharmaciens puissent vacciner de manière plus large afin de toucher davantage de Français. Un  onseil que l’on pourrait qualifier de « tarte à la crème », si des expériences récentes, chez les pharmaciens, n’en avaient pas montré le bien-fondé.
    C’est une bonne suggestion, mais qui va devoir faire face à un autre lobby, celui des médecins. Il est probable que les exceptions, en particulier la recherche des rares contre-indications,  va ralentir  une mesure que de nombreux médecins perçoivent comme une perte de pouvoir. Certes ils ne sont pas majoritaires, mais souvent à des postes de décisions…

    Une communication plus agressive

    Les sages sont sévères : « La mobilisation des pouvoirs publics a manqué de réactivité et de force. Les plans successifs visant à relancer la politique vaccinale n’ont débouché que sur des mesures partielles, mal coordonnées, insuffisantes en tout état de cause pour renforcer suffisamment l’adhésion vaccinale. »
    Et ils n’ont pas forcément tort ! Les campagnes sont, certes annuelles, mais d’un classicisme qui effraie quand on voit le pouvoir des réseaux sociaux. Nous sommes là pour témoigner que les sites qui ont une forte audience ne sont pas consultés, et que face aux théories complotistes des ligues anti-vaccinales, les campagnes traditionnelles manquent leur cible et sont d’une réactivité de dinosaure.
    Les ennemis des vaccins ont moins de scrupules, en veille permanente sur les réseaux sociaux, maniant aussi bien l’invective que la menace physique. Là encore, nous pouvons témoigner de la violence des propos rarement sanctionnés.

    Parmi les critiques qui ne sont pas formulées, la cour est muette sur l’action des laboratoires pharmaceutiques sur ce sujet : acteurs positifs ou négatifs, il aurait été utile de le préciser.

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