Diabétologie
Diabète de type 1 : une nouvelle opportunité pour prévenir la maladie
Une anomalie des cellules MAIT pourrait constituer un biomarqueur précoce du diabète de type 1 car leur altération se manifeste en amont de la maladie. Mais elles pourraient également constituer une cible thérapeutique.
- TatyanaGl/Epictura
Des chercheurs de l'Institut Cochin (CNRS/Inserm/Université Paris Descartes) associés à des collègues de l'hôpital universitaire Necker Enfants Malades, AP-HP, ont découvert que l'apparition du diabète de type 1 est précédée d'altérations de cellules associées aux muqueuses et reconnaissant le microbiote : les lymphocytes MAIT (Mucosal-Associated Invariant T cells).
Cette découverte suggère que ces cellules pourraient constituer un nouveau biomarqueur pour détecter précocement le diabète de type 1, voire constituer une cible thérapeutique afin de prévenir l’apparition de cette maladie auto-immune. Ces travaux sont publiés dans la revue Nature Immunology.
Immunité et cellules MAIT
Le diabète de type 1 est une maladie auto-immune résultant de la destruction par le système immunitaire des cellules béta du pancréas qui sécrètent l’insuline. Les lymphocytes T auto-réactifs sont le plus souvent tenus pour responsables de ce processus de destruction des cellules bêta. Pourtant le système immunitaire inné (la première barrière de protection de l'organisme) joue également un rôle important dans l’apparition de cette pathologie. Les cellules T invariantes associées aux muqueuses (MAIT) font partie de cette première ligne de défense : elles sont activées par des bactéries, et en particulier, celles de la flore intestinale (microbiote intestinal). Etant donné les altérations du microbiote (« dysbiose ») et les anomalies de la muqueuse intestinale observées au cours du DT1, les chercheurs se sont intéressés au rôle potentiel des cellules MAIT dans ces troubles.
Cellules MAIT : un biomarqueur précoce
Dirigée par Agnès Lehuen, cette étude a été réalisée sur des modèles animaux du diabète de type 1 développés par son équipe de l'Institut Cochin, ainsi que sur des échantillons de sang humain provenant de patients diabète de type 1 suivis par le Jacques Beltrand, à l'hôpital Necker Enfants Malades.
Les résultats sont concordants : dans les deux cas, les cellules MAIT sont altérées avant même l'apparition du diabète de type 1. Parallèlement, lors du diagnostic du DT1 chez des enfants, ces cellules MAIT sont également moins fréquentes dans le sang par comparaison avec des enfants non diabétiques. Cette baisse dans le sang pourrait s'expliquer par une migration accrue de ces cellules dans le pancréas dont les tissus sont inflammatoires.
Une hypothèse plus que plausible, puisque, chez les souris NOD (un modèle animal de diabète très proche de celui chez l’homme), une augmentation du nombre de cellules MAIT est directement observée dans le pancréas.
Les cellules MAIT semblent d'ailleurs être impliquées directement dans la destruction des cellules béta du pancréas, comme l'ont démontré les chercheurs par des expériences chez la souris NOD mais également des expériences in vitro sur des cellules humaines.
Cellules MAIT : une cible thérapeutique
Au-delà de leur nombre et de leur localisation dans le corps, un défaut fonctionnel des cellules MAIT entrerait également en jeu lors des altérations de la muqueuse intestinale observées dans le diabète de type 1.
En effet, les cellules MAIT sont normalement chargées de maintenir l'équilibre de la muqueuse intestinale. Mais elles perdent en partie cette capacité dans le contexte du DT1, ce qui conduit à une perméabilité accrue de la muqueuse intestinale aux bactéries, phénomène par ailleurs connu comme pouvant favoriser les réactions auto-immunes. Les recherches doivent se poursuivre pour mieux comprendre les liens entre cellules MAIT et microbiote intestinal.
Au final, la découverte la découverte d’une anomalie des cellules MAIT pourrait ouvrir sur de nouvelles stratégies thérapeutiques dans le diabète de type 1. Au-delà d’être un biomarqueur précoce du diabète, puisque leur altération se manifeste en amont de la maladie, l’analyse des cellules MAIT pourrait permettre une meilleure prévention du diabète de type 1.








