Hépatologie
Cirrhose biliaire primitive : un fibrate améliore le traitement des formes résistantes
Une étude randomisée démontre que d’adjonction de bezafibrate pourrait améliorer les symptômes et les tests de la fonction hépatique dans les cirrhoses biliaires primitives partiellement résistantes à l’acide ursodésoxycholique.
- A.ANGER/ZEPPELIN/SIPA
Les résultats de l'étude BEZURSO, présentés au Liver Congress 2017 à Amsterdam, aux Pays-Bas, montrent que le bezafibrate ajouté à l’acide ursodésoxycholique normalise les marqueurs pronostiques de la maladie hépatique chez les malades atteints de cholangite biliaire primitive qui ont une réponse insuffisante à l’acide ursodésoxycholique.
Le traitement combiné bezafibrate et acide ursodésoxycholique est bien toléré, il normalise les paramètres biochimiques pronostiques, il améliore la fatigue et le prurit et il empêche la progression de la rigidité hépatique et du score ELF, qui sont prédicteurs de l'insuffisance hépatique et de la mortalité.
1ère étude randomisée en double-aveugle chez ces malades
L'étude BEZURSO (Bezafibrate en combinaison avec l'acide ursodésoxycholique dans la cirrhose biliaire primitive) est un essai randomisé, en double aveugle bezafibrate versus placebo en sus du traitement de la cirrhose biliaire primitive chez 100 patients avec une réponse incomplète à l’acide ursodésoxycholique. Cent patients avec une réponse biochimique inadéquate à l'acide ursodésoxycholique, telle que définie par les critères de Paris-2, ont été randomisés entre bezafibrate 400 mg/jour ou placebo, en association avec l'acide ursodésoxycholique 13-15 m /kg/jour et pendant deux ans. La normalisation des tests de la fonction hépatique était le critère principal d'évaluation.
Un gain d’efficacité
Le critère d'évaluation principal est atteint chez 15 patients (30%) du groupe bezafibrate par rapport à aucun patient du groupe placebo (p <0,0001). La normalisation des phosphatases alcalines se produit chez 67% des patients du groupe bezafibrate comparativement à 0% dans le groupe placebo. La fatigue et le prurit sont considérablement réduits dans le groupe du bezafibrate, ainsi que les marqueurs de la fibrose hépatique (rigidité hépatique et score ELF).
Les taux d'événements indésirables graves sont similaires dans les deux groupes. Les taux d’insuffisance hépatique en phase terminale ne varient pas entre les groupes de traitement (4% dans les deux groupes).
En pratique
La cirrhose biliaire primitive est une maladie auto-immune inflammatoire chronique qui peut conduire à la destruction des voies biliaires, à une cirrhose avec insuffisance hépatique et à un cancer.
Une grande partie des malades répondent à l'administration d’acide ursodésoxycholique à dose efficace, ce qui peut améliorer les tests de la fonction hépatique et ralentir la destruction des voies biliaires, ainsi que la progression de la maladie. Cependant, plus de 30% des malades ne répondent pas correctement à l'acide ursodésoxycholique à bonne dose et restent donc à haut risque de progression de la maladie et de transplantation hépatique, avec des taux de survie réduits.
Cette étude pourrait avoir un impact important sur la pratique clinique, car elle montre que les patients atteints de cirrhose biliaire primitive qui ne répondent pas correctement au traitement actuel par l'acide ursodésoxycholique pourraient bénéficier de l’adjonction d’un traitement par bezafibrate, un médicament déjà utilisé dans le traitement de l’hypercholestérolémie.








