Socio-professionnel
Souffrance des soignants : " Cette stratégie nationale permettra à la médecine de se transformer "
Pour répondre aux attentes des libéraux, Marisol Touraine a présenté une stratégie pour faire de la qualité de vie au travail une priorité politique. Le Dr Éric Henry, président de SPS, est optimiste, malgré quelques réserves.
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« Prendre soin de ceux qui nous soignent », tel est le slogan de la nouvelle stratégie nationale d’amélioration de la qualité de vie au travail des professionnels de santé. Présentée ce mardi aux libéraux (médecins, pharmaciens, infirmiers, kinésithérapeutes...) par Marisol Touraine, elle s’articule autour de 3 axes.
Le premier vise à améliorer les conditions d’exercice. L’observatoire national de la qualité de vie au travail et des risques psychosociaux, prévu par le 1er volet de la stratégie dédié aux hospitaliers, concernera donc aussi les professionnels de ville. Il sera chargé de généraliser les bonnes pratiques ambulatoires.
Pour éviter la solitude des professionnels en souffrance, le soutien au développement de l’exercice coordonné sera renforcé, indique le ministère. Et la ministre annonce qu'un module « qualité de vie au travail » sera également ajouté dans les maquettes de formation initiales médicales, paramédicales et dans la formation continue (DPC). Les autres mesures visent à assurer la sécurité des soignants et mieux prévenir le burn-out. Mais cette nouvelle stratégie a reçu un accueil mitigé chez les professionnels.
A cinq semaines du premier tour de l'élection présidentielle, Marisol Touraine, n'a en effet précisé ni le calendrier d'action ni le financement pour appliquer les différentes mesures du plan, contrairement au volet hospitalier présenté en décembre dernier. Contacté par FréquenceM, le Dr Éric Henry, président de l'association Soins aux Professionnels de Santé (SPS) préfère pour sa part rester optimiste, malgré quelques réserves.
Quel est votre sentiment général sur cette stratégie nationale ?
Éric Henry : Ce qui est déjà important c'est la mise en lumière du problème. Maintenant, on peut dire que l'Etat s'est rendu compte de la problématique et décide d'agir. Cela est très important. Globalement, c'est le monde managérial qui nous entoure qui devrait changer, qu'il soit libéral ou hospitalier. Cette stratégie nationale permettra aussi à la médecine de demain de se transformer et il faut accompagner les acteurs. Pour bâtir ce projet, Marisol Touraine a su mettre en avant toutes les associations, les Ordres, les syndicats, etc. qui avaient mis des actions en place. La ministre de la Santé compte les valoriser et c'est très bien.
Ecoutez l'intégralité de l'entretien avec le Dr Éric Henry :
La création d’un dispositif d’écoute géré par l’Etat est-elle une bonne nouvelle ?
Éric Henry : Je pense que le dispositif d'écoute national ne doit pas être géré par l'Etat. Par contre, les autorités pourront faire partie du consortium qui s'occupera d'apporter les moyens et de mettre en place cette dynamique. La pérennité du système est financière et c'est l'Etat qui a les finances pour le faire. Celui-ci doit donc se ranger au côté des acteurs tout en leur laissant le soin de porter la plate-forme. Elle ne doit surtout pas être identifiée comme un service de l'Etat. Lorsqu'on est en souffrance, et qu'on est un soignant, on l'est souvent pour des conflits qu'on a avec des structures étatiques. Il ne faut pas que l'endroit qu'un professionnel appelle soit connoté. Un dépressif avec des tendances parano pourrait avoir l'impression qu'une structure étatique est encore plus négative. C'est un mauvais choix.
Etes-vous inquiet par l’absence de calendrier et de financement ?
Éric Henry : Non, sur ce point, nous ne sommes pas inquiets du tout. On savait très bien que le calendrier ne sera pas écrit par Marisol Touraine puisque nous sommes dans une élection présidentielle et le monde va changer demain. Deuxièmement, ce n'est pas l'argent qui fait la volonté mais ce sont les volontés des acteurs qui amèneront l'argent sur ce sujet. Avec l'association Soins aux Professionnels de Santé, (SPS) nous avons amené énormément d'acteurs sur ce sujet et globalement nous ne sommes pas inquiets sur la pérénité puisqu'elle s'impose à tous. Donc nous allons voir arriver des acteurs qui vont être très pro-actifs dans la démarche et qui vont nous aider à permettre d'avoir cette réponse de qualité aux soignants et surtout de l'empathie.








