Cardiologie

Syndromes coronaires aigus sans élévation de ST : le prétraitement par P2Y12 en question

Les recommandations de la Société européenne de cardiologie (ESC) sur le prétraitement par inhibiteurs du P2Y12 pour les patients atteints de syndromes coronaires aigus sans élévation de ST (SCA-NST) ont évolué ces dernières années. Les explications des Prs Montalescot et Roffi.

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  • 03 Avril 2025
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    Pendant des années, le prétraitement par les inhibiteurs oraux du P2Y12 – clopidogrel, prasugrel ou ticagrélor – a été considéré comme une étape essentielle avant une intervention coronarienne percutanée (ICP). L'objectif ? Réduire le risque de complications thrombotiques en inhibant l'agrégation plaquettaire et en diminuant ainsi le risque d’infarctus du myocarde (IDM).

    Faisant référence à différentes études comme CURE/PCI-CURE, PLATO, ACCOAST, ISAR-REACT, les Prs Montalescot et Roffi expliquent avec clarté les hésitations rencontrées et les évolutions des recommandations de l’ESC qui vont actuellement dans le sens d’une prise de décision individualisée selon le profil du patient et les modalités de la prise en charge invasive. La personnalisation des traitements devient la clé de voûte d'une stratégie plus efficace et plus sécurisée pour les patients atteints de SCA-NST.

    Un prétraitement initialement encouragé

    Les syndromes coronaires aigus sans élévation du segment ST (SCA-NST) représentent une part significative des urgences cardiovasculaires, nécessitant une stratégie de prise en charge rapide et adaptée. Le prétraitement par des inhibiteurs oraux du P2Y12 avant une intervention coronarienne percutanée (ICP) a longtemps été débattu, et les directives de la Société européenne de cardiologie (ESC) ont évolué au fil du temps pour affiner les recommandations dans ce domaine. 

    Initialement recommandée par l’ESC, cette stratégie d’un prétraitement (administration systématique avant la réalisation de la coronarographie) par inhibiteurs des P2Y12 semblait logique, mais elle n'était pas sans risques. En effet, des études récentes ont mis en évidence un risque accru de saignements, sans bénéfice clinique net en termes de prévention des événements ischémiques. Un constat qui a conduit à revoir les recommandations.

    Un changement de cap quelques années plus tard

    A la suite de ces résultats plus mitigés, les dernières directives ESC plaident pour une approche plus ciblée. En effet, exit le prétraitement systématique : les experts recommandent désormais d'attendre la revascularisation avant d'administrer ces médicaments.

    Il est alors conseillé de réserver le traitement aux patients qui en tireront un véritable bénéfice, tout en évitant les risques inutiles. Cette approche personnalisée permet d'optimiser la prise en charge et de réduire les effets indésirables. Cette évolution des recommandations ESC sur le prétraitement par inhibiteurs oraux du P2Y12 reflète une meilleure compréhension du rapport bénéfice/risque associé à cette stratégie de prétraitement.

    Une prise en charge personnalisée

    Et si le prétraitement par inhibiteurs du P2Y12 a longtemps été considéré comme une norme, les dernières avancées scientifiques, démontrant un risque accru de saignement sans bénéfice clinique net en termes de réduction des évènements ischémiques, ont conduit à une approche plus prudente et ciblée.

    La tendance est donc à une médecine plus adaptée aux profils des patients en tenant compte des facteurs de risque individuels, de la stratégie de revascularisation prévue, et des potentiels effets secondaires.

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