BPCO : nombreuses erreurs de manipulation des systèmes d’inhalation

Plus de 50 % des patients traités pour une BPCO font des erreurs d’utilisation de leur système d’inhalation qui sont associées à une augmentation du taux d’exacerbations sévères. Ce constat est fait par une équipe du CHU de Bordeaux qui a réalisé une étude de « vraie vie » auprès de 2935 patients prenant un traitement inhalé continu.

212 médecins généralistes et 50 pneumologues ont évalué l’utilisation du système en demandant à leurs patients comment il l’utilisaient et en cochant sur une check-list si les différentes étapes recommandées dans la notice du médicament étaient bien respectées.

Erreurs critiques

L’étude montre que plus de 50 % des malades font des erreurs d’utilisation quel que soit le système. Plus grave, dans entre 15 et 50 % des cas, il y a des erreurs d’utilisation dites graves ou critiques, quand la dose de médicament risque de ne pas être délivrée, par exemple quand la gélule ou la cartouche ne sont pas mises ou que les leviers ne sont pas armés.

Dans les cas d’erreurs graves, les conséquences cliniques le sont aussi puisque le risque d’exacerbation sévère qui amène à une hospitalisation est doublé dans les trois mois précédents : 3,3 % en l’absence d’erreur versus 6,9 % en présence d’erreurs critiques (p < 0,05).

L’utilisation correcte des différents systèmes dépend de l’éducation qui est reçue par l’utilisateur et il existe un déficit manifeste dans ce domaine qui est d’ailleurs peu abordé dans les divers consensus et recommandations. Pour l’auteur de l’étude, le Pr Mathieu Molimard (CHU de Bordeaux), « le message principal est qu’il faut éduquer les patients et vérifier l’utilisation du système d’inhalation auprès d’eux ; il n’y a pas de mauvais système mais quand ils sont mal utilisés, ils peuvent provoquer des hospitalisations indues. »

Molimard M, Raherison C, Lignot S, Balestra A, Lamarque S, Chartier A, et al. Chronic obstructive pulmonary disease exacerbation and inhaler device handling: real-life assessment of 2935 patients. Eur Respir J. 2016;1601794.