Pneumologie

La tachypnée avec métronome : une technique d’évaluation de la distension thoracique

Il est possible de détecter la distension dynamique avec une tachypnée standardisée à l'aide d'un métronome. Il s’agit d’une technique assez ancienne, aujourd’hui un peu oubliée au profit du VEMS mais qui a le mérite d’être simple, utile, pertinente et reproductible. D’après un entretien avec Thierry PEREZ.

  • 25 Jan 2024
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    Un article méthodologique paru en novembre 2023, dans l’American Journal of Respiratory Critical Care Medicine, a décrit la technique de la tachypnée standardisée avec un métronome pour mesurer la distension thoracique chez les patients atteints de BPCO, afin de montrer son intérêt, sa simplicité et sa reproductibilité. En effet, la distension thoracique dynamique réduit la capacité inspiratoire à l’effort et constitue un mécanisme physiopathologique majeur de la BPCO, en participant notamment à la genèse d’une dyspnée. Plusieurs études avaient déjà préconisé une hyperventilation au rythme métronomique pour induire la distension thoracique. Au cours de ce travail, les auteurs ont  utilisé un spiromètre et un métronome électronique, qui a été présenté au sujet pour s’assurer qu’il entende bien les tonalités et pour qu’il se familiarise avec l’appareil. Ils ont utilisé le rythme de 80 tonalités par minute , à savoir une fréquence respiratoire de 40 par minute. Ils ont réalisé 3 tests de 30 secondes, qui est une période bien tolérée par les sujets. Les auteurs ont également vérifié la fréquence respiratoire atteinte à l’aide du spiromètre. Les 3 mesures peuvent être réalisées en 8 à 10 minutes.

     

     

    Une note sur une technique oubliée

     

    Le docteur Thierry PEREZ, pneumologue dans le service de pneumologie et immuno-allergologie du Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique qu’il s’agit d’un article de méthodologie, plutôt que d’une étude de validation d’un test dynamique, mais qui remet à jour un sujet qui n’est pas nouveau. La première description de cette technique remonte à 2004 (Gelb, Chest 2004) et plusieurs études ont confirmé sa validité  dans les années 2010. Pourtantà l’heure actuelle on parle à nouveau beaucoup moins de distension  que de VEMS, notamment dans les essais thérapeutiques. Thierry PEREZ estime qu’il est dommage que cette technique soit tombée aux oubliettes et précise que ce travail est correct en termes de description de la technique et en reproductibilité. Cette technique représente un avantage important, sans faire d’épreuve d’effort et les résultats sont probablement très corrélés à la distension thoracique à l’effort, notamment chez les patients dyspnéiques, dont la dyspnée est mal expliquée par le seul VEMS. Thierry PEREZ souligne que la distension de la BPCO est davantage citée dans le GOLD 2024 mais la pléthysmographie y est encore considérée comme  non indispensable.

     

    Un paramètre de suivi complémentaire intéressant

     

    Thierry PEREZ explique que l’auteur de ce travail prend appui sur sa propre étude datant de 2014 (1). Au total, 35 sujets atteints de BPCO et 17 témoins ont hyperventilé pendant 30 secondes, à 40 cycles par minute, ce qui déclenchait une distension dynamique, et parfaitement reproductible chez les patients.  Thierry PEREZ rappelle le vieux concept du signe du créneau qui correspond à l’augmentation du volume courant au fur et à mesure de la durée d’hyperventilation.  Pour lui, il s’agit d’une technique simple et pertinente. Il fait référence à d’autres études dont celle de Gelb et coll. (3) et de Hannink et coll. (4) en 2010, utilisant la même technique mais avec une méthode longitudinale sur 2 ans, avec des patients atteints de BPCO modérée à sévère. Les auteurs avaient ainsi pu observer l’aggravation de la distension dynamique à un intervalle de 2 ans.  Une autre étude évaluant l’impact des bronchodilatateurs a été publiée en 2017 (2). et Les recommandations 2014 de la SPLF sur les EFR dans la BPCO soulignaient l’intérêt de la technique (5). Thierry PEREZ suggère que l’on a actuellement tendance à limiter l’évaluation EFR au seul VEMS alors que cette technique est un paramètre de suivi complémentaire simple, réalisable avec un spiromètre et un téléphone portable en guise de métronome.

     

     

    En conclusion, la technique de tachypnée induite avec un métronome pour mesurer la distension dynamique au cours de la BPCO est une méthode simple et reproductible, ce qui la rend utile et pertinente. Une idée à très probablement remettre au goût du jour, comme paramètre de suivi complémentaire facilement accessible…

     

     

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    JDF