Pneumologie
Asthme : microbiote bronchique et réponse à la corticothérapie inhalée
La communauté bactérienne présente dans les bronches est différente selon le phénotype de l’asthme. Les caractéristiques de ce microbiote respiratoire pourraient permettre de savoir si un patient répondra ou non aux corticoïdes.
- ©123RF-Anna Ivanova
Les différences qui existent dans le microbiote bronchique sont associées avec les caractéristiques immunologiques et cliniques de l’asthme. C’est ce que montre une étude publiée dans le Journal of Clinical Immunology.
Ses auteurs ont analysé les prélèvements bronchiques par brossage endoscopique de trois groupes de personnes : 21 patients asthmatiques atopiques avec un asthme léger stable non traité, 42 patients atopiques définis par la présence d’IgE spécifiques mais sans asthme, et 21 sujets témoins non atopiques en bonne santé.
Ils ont comparé ces prélèvements sur le plan bactériologique en typant les bactéries par PCR. Ils ont ainsi réussi à différencier différents phénotypes d’asthme en fonction des bactéries présentes dans l’arbre respiratoire.
Moins de bactéries chez les Th2
Cette étude confirme que les asthmatiques possèdent un microbiote bronchique différent des personnes non asthmatiques. De plus, les chercheurs montrent qu’un tiers du microbiote des sujets atopiques sans asthme ressemble à celui des asthmatiques mais que les deux autres tiers diffèrent.
Ils ont également comparé les asthmatiques de type Th2, avec une éosinophilie sanguine et des IgE élevées, aux autres asthmatiques et ils ont constaté que les Th2 avaient moins de bactéries dans les bronches que les autres. Pour l’expliquer, ils émettent deux hypothèses : les éosinophiles pourraient avoir une activité bactéricide, ou au contraire il y aurait une présence de virus et de champignons, cette communauté de germes expliquant la réaction Th2.
Enfin, ils ont comparé les répondeurs et les non répondeurs à la corticothérapie inhalée et ils ont observé que les répondeurs avaient un microbiote qui ressemble à celui des sujets témoins sains. Il existe certainement une interaction entre les germes eux-mêmes qui modifie les réactions immunitaires et inflammatoires au niveau de la bronche. D’autre part, le terrain génétique du patient modifie les bactéries présentes ce qui va modifier la réponse à la corticothérapie par des phénomènes de métabolisme bactérien qui influencent les réactions immunitaires et la réponse des cellules épithéliales au traitement.
L’étude du microbiote bronchique est encore du domaine de la recherche mais on peut penser qu’à l’avenir, il fera partie du bilan de l’asthmatique, la possibilité de prédire la réponse à la corticothérapie inhalée étant particulièrement utile dans la prise en charge de l’asthme.
D’après un entretien avec le Pr Agnès Hamzaoui, pneumologue, Hôpital de Lariana, Tunis









