Infectiologie
Nouvelle preuve de l’efficacité de la vaccination antigrippale
Au moment où la couverture vaccinale diminue régulièrement, une étude américaine démontre l'intérêt du vaccin contre la grippe à travers une réduction des pneumonies.
- FRANCOIS MORI/AP/SIPA
Alors que la vaccination antigrippale est boudée par la population, y compris la plus à risque, et que les médecins peinent à convaincre leurs patients de ses bénéfices, une étude réalisée en Amérique du Nord, et publiée dans le Jama, vient rappeler son efficacité.
Ce travail a été conduit sur trois saisons de la grippe entre 2010 et 2012, et dans quatre sites des Etats-Unis. C’est une étude prospective dans laquelle toutes les personnes hospitalisées pour une pneumonie aiguë communautaire ont bénéficié d’une recherche du virus de la grippe par PCR. Deux groupes ont ainsi été identifiés : le premier avec des pneumonies grippales et un groupe contrôle avec des pneumonies communautaires et un test de la grippe négatif.
Résultat, sur les 2767 patients hospitalisés pour une pneumonie aiguë communautaire, 162 (6 %) avaient un diagnostic confirmé de grippe. Parmi eux, 17 % étaient vaccinés contre la grippe antérieurement contre 29 % pour les patients qui avaient une pneumonie non grippale. Après ajustement sur des facteurs confondants multiples tels que l'âge, le sexe, le tabagisme et la présence d'un enfant en bas âge au foyer, les auteurs concluent que la vaccination antigrippale est efficace pour prévenir l'hospitalisation pour une pneumonie grippale documentée.
Couverture vaccinale en chute libre
Cette étude est publiée au bon moment car depuis les années 2009-2010 et l’émergence du virus H1NI, on constate une diminution très significative de la couverture vaccinale antigrippale dans de nombreux pays. En France, l'objectif est d'atteindre 75 % de couverture pour l'ensemble de la population. Or elle est en chute libre : en 2009-2010, elle était de 60 % et l'année passée, les derniers chiffres de l'Invs pour 2014-2015 affichent une couverture de 46,1 %.
Rappelons que dans notre pays, la vaccination est recommandée pour les personnes de plus de 65 ans, les femmes enceintes, les patients à risque de faire une grippe grave, les obèses avec un IMC supérieur à 40, les patients hospitalisés dans un centre au long cours et l'entourage des nourrissons à risque. Aux Etats Unis, la vaccination est recommandée en routine dès l'âge de 6 mois pour toute la population et la couverture vaccinale est inférieure à 50 %.

Anne Bergeron-Lafaurie, pneumologue à l’hôpital Saint-Louis à Paris : "C'est exceptionnel d'avoir une étude comme celle-là qui s'intéresse au réel impact de la vaccination antigrippale sur des pneumonies grippales confirmées."








