Protéine
Une nouvelle piste moléculaire pour freiner le vieillissement cellulaire
Une équipe de chercheurs a identifié la protéine HMGB1 comme messagère du vieillissement entre cellules, ouvrant la voie à de nouvelles stratégies thérapeutiques contre le vieillissement.

- Par Stanislas Deve
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- Rasi Bhadramani / istock
Et si le vieillissement se propageait comme une onde silencieuse dans notre corps ? Une nouvelle étude révèle le rôle clé d’une protéine nommée HMGB1 dans la propagation du vieillissement cellulaire. Publiée dans la revue Metabolism, cette découverte ouvre la voie à de nouvelles stratégies pour ralentir, voire bloquer, ce processus.
Une molécule messagère du vieillissement
Normalement présente dans le noyau des cellules, la protéine HMGB1 aide à organiser l’ADN. Mais en situation de stress ou de vieillissement cellulaire, appelé sénescence, elle est libérée dans l’environnement extracellulaire. Selon son exposition à l’oxygène, elle adopte deux formes chimiques : réduite ou oxydée. Seule la forme réduite semble active dans le vieillissement. "La forme réduite extracellulaire de HMGB1, mais pas sa forme oxydée, induit fortement des phénotypes de type sénescent dans plusieurs types cellulaires et tissus", notent les auteurs dans un communiqué. Autrement dit, seule la forme réduite déclenche un vieillissement précoce des cellules.
Dans leurs expériences, les chercheurs de Corée du Sud ont exposé des cellules humaines (poumon, rein, peau, muscle) à la forme réduite de HMGB1. Les cellules ont cessé de se diviser, ont exprimé des marqueurs de sénescence (p21, p16) et ont libéré des molécules inflammatoires. En revanche, la forme oxydée n’a eu aucun effet.
Ce phénomène s’explique par l’activation des voies JAK/STAT et NF-κB, connues pour favoriser l’inflammation et le vieillissement cellulaire. Des traitements bloquant ces voies, comme le Momelotinib (utilisé contre certains cancers du sang), ont permis de stopper ces effets.
Une nouvelle cible pour ralentir le temps ?
Injectée à de jeunes souris, la forme réduite de HMGB1 a rapidement provoqué des signes de vieillissement musculaire et une inflammation accrue. À l'inverse, des anticorps bloquant cette protéine ont amélioré la récupération physique chez des souris âgées blessées.
Les chercheurs ont également observé que le sang de personnes âgées (70-80 ans) contenait plus de HMGB1 réduite que celui de personnes plus jeunes, suggérant que ce mécanisme pourrait exister chez l’humain.
Cette protéine pourrait donc bien être un "pro-géronique", autrement dit un facteur qui propage le vieillissement. En l'empêchant d’agir, de nouvelles thérapies pourraient limiter la sénescence cellulaire et ses conséquences.