PFOS
Les polluants éternels aggravent les effets de l’alcool sur le foie
Une étude américaine révèle que le PFOS, un "polluant éternel" couramment présent dans l’eau, les emballages ou les poêles antiadhésives, aggrave les effets de l’alcool sur le foie.

- Par Stanislas Deve
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- Pakawadee Wongjinda / istock
Pourquoi certaines personnes qui consomment de l’alcool développent des maladies du foie, tandis que d’autres y échappent ? Des chercheurs de l’Université de Louisville, aux Etats-Unis pensent avoir trouvé un semblant de la réponse : la surexposition aux substances perfluoroalkylées (PFAS) – les fameux "polluants éternels" – et en particulier le perfluorooctane sulfonate, ou PFOS. Leur étude, récemment publiée dans la revue Toxicological Sciences, révèle que ces substances chimiques présentes dans des objets du quotidien pourraient en effet jouer un rôle clé dans la survenue des maladies hépatiques liées à l’alcool.
PFOS et alcool : un cocktail toxique pour le foie
Ces composés sont présents dans les poêles antiadhésives, les emballages alimentaires, les tissus résistants aux taches ou encore l’eau potable. Problème : ils s’accumulent dans le corps et l’environnement sans s’y dégrader. Ainsi, 95 % des Américains présenteraient des traces de PFAS dans l’organisme. "Notre recherche permet d’expliquer pourquoi deux personnes avec une consommation d'alcool similaire peuvent présenter des atteintes hépatiques très différentes", indique le Dr Frederick Ekuban, premier auteur de l'étude, dans un communiqué.
Dans le cadre de leurs travaux, les chercheurs ont soumis des animaux à une double exposition au PFOS et à l’alcool. Résultat : une accumulation de graisses, des marqueurs de lésions hépatiques en hausse et une activation de gènes liés au stress oxydatif et au développement de cancers. "Le foie a normalement une capacité remarquable de récupération, mais le PFOS semble pousser cette résilience au-delà de ses limites", prévient Jennifer Schlezinger, professeure à l’Université de Boston. Pire encore, 60 % du PFOS ingéré finirait stocké dans le foie, l’endroit même où l’alcool fait ses dégâts.
Limiter les risques au quotidien
Si les recherches doivent se poursuivre, notamment pour évaluer les effets selon le sexe ou les types de consommation, des gestes simples peuvent réduire l’exposition aux PFAS : éviter les ustensiles de cuisine antiadhésifs, filtrer l'eau du robinet, limiter les plats industriels et choisir des produits sans PFAS.
Comme le rappelle le Dr Matthew Cave, co-auteur de la recherche : "Il est crucial d’étudier comment les expositions combinées à l’alcool et aux produits chimiques environnementaux comme le PFOS influencent la santé hépatique". Un enjeu de santé publique majeur, alors que les maladies du foie et la consommation d’alcool ne cessent d’augmenter dans le monde.