Pression artérielle
Hypertension : quand le sel enflamme le cerveau
Une équipe de chercheurs canadiens révèle qu’un excès de sel pourrait provoquer une inflammation du cerveau, responsable d’une hausse de la pression artérielle.

- Par Stanislas Deve
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- Andrei Berezovskii / istock
Peut-il perturber notre cerveau au point de faire grimper notre tension ? Une nouvelle étude canadienne, publiée dans la revue Neuron, relance le débat sur les effets du sel, en démontrant qu'un régime trop salé pourrait provoquer une inflammation du cerveau... et entraîner une hausse de la pression artérielle. De quoi repenser drastiquement notre alimentation quotidienne.
Alimentation salée et pression artérielle
Traditionnellement, l’hypertension artérielle était attribuée aux reins et aux vaisseaux sanguins. Mais les résultats de cette nouvelle étude menée par l’Université McGill, au Canada, viennent bousculer cette vision. "Ceci est une nouvelle preuve que l’hypertension peut trouver son origine dans le cerveau, ce qui ouvre la voie à de nouveaux traitements ciblant cet organe", explique Masha Prager-Khoutorsky, physiologiste et autrice principale de l’étude, dans un communiqué de l’université.
Pour mimer une alimentation riche en sel, les chercheurs ont administré à des rats de l'eau contenant 2 % de sel, soit un équivalent d'un régime à base de plats industriels, fast-food, fromages fondus ou charcuterie. Résultat : une inflammation dans une zone précise du cerveau, causée par l’activation de cellules immunitaires. Cette inflammation a entraîné une augmentation de la vasopressine, une hormone connue pour faire monter la pression artérielle.
Souvent silencieuse, l’hypertension touche deux tiers des personnes de plus de 60 ans et, en augmentant le risque cardiaque et d’accident vasculaire cérébral notamment, cause chaque année près de 10 millions de décès dans le monde. Or, "environ un tiers des patients ne répondent pas aux traitements classiques, qui ciblent principalement les vaisseaux sanguins et les reins", rappellent les auteurs. Le cerveau pourrait donc être un acteur clé dans les formes d’hypertension dites résistantes.
Une nouvelle piste contre l’hypertension résistante
Ces travaux réalisés sur des rats (plus proches de l’humain que les souris sur le plan de la régulation du sel et de l’eau) ouvrent une voie nouvelle, encore peu explorée. "Le rôle du cerveau dans l’hypertension a été largement ignoré, en partie parce qu'il est plus difficile à étudier", souligne Prager-Khoutorsky.
En France, les autorités sanitaires recommandent de ne pas dépasser 5 g de sel par jour, soit une cuillère à café. Or, les principales sources de sel sont omniprésentes : pain, viennoiseries, charcuterie, fromages, plats préparés ou biscuits apéritifs. De quoi réfléchir à deux fois avant de saler votre prochaine assiette.