Thérapie
Aphantasie : la thérapie psychédélique aide à créer des images mentales
L’aphantasie est un trouble caractérisé par l’incapacité à visualiser mentalement. Les médicaments psychédéliques ont des effets bénéfiques, mais cela peut présenter des risques.

- Par Mégane Fleury
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- BeritK/istock
Certaines personnes sont incapables de visualiser mentalement un objet, un paysage ou un visage. Ce trouble a un nom : l’aphantasie. Dans la revue Cortex, des chercheurs en psychologie australiens expliquent que les thérapies basées sur des psychédéliques pourraient permettre à ces individus de développer leur capacité de visualisation. Mais ils mettent en garde face au risque d’effets indésirables.
Aphantasie : qu’est-ce qu’une thérapie à base de psychédélique ?
"La thérapie psychédélique est en augmentation, car sa légalisation est en cours dans plusieurs pays", rappellent ces scientifiques en préambule de leur étude. Ce type de prise en charge repose sur des substances psychédéliques comme la MDMA, le LSD ou la kétamine, combinées avec des séances de psychothérapie. "Son utilisation médicale a montré des résultats prometteurs dans le cas de la dépression résistante aux traitements, du syndrome de stress post-traumatique, de l'anxiété et des troubles liés à l’usage de substances", indiquent-ils.
Récemment, des travaux scientifiques, dont deux études de cas, et des témoignages ont montré que les personnes atteintes d’aphantasie peuvent visualiser mentalement grâce aux psychédéliques. Ainsi, un homme a pu créer des images mentales après avoir pris une dose d’un hallucinogène amazonien, l’ayahuasca, et une femme est aussi parvenue à le faire après avoir pris des champignons hallucinogènes. Pour cette dernière, les effets sur sa capacité de visualisation ont perduré plus d’un an après l’expérience. Selon les scientifiques, les psychédéliques agissent sur l’activité du cortex visuel dans le cerveau et sur la connectivité entre certaines zones cérébrales.
Thérapie psychédélique : des risques d’image indésirable pour les personnes atteintes d’aphantasie
Si ces résultats paraissent encourageants, les chercheurs australiens alertent sur les risques d’effets indésirables. "La visualisation des images peut amplifier émotionnellement les pensées, reliant des images fortes à un contenu émotionnel pénible et indésirable sous forme de pensées intrusives, préviennent-ils. Les associations incluent un risque accru de flashbacks, de trouble de stress post-traumatique, de dépression et de pensées suicidaires soudaines." Selon eux, cette nouvelle capacité de visualisation pourrait générer ces images "intrusives " chez les personnes atteintes d’aphantasie.
"Il est vivement recommandé de se renseigner sur les études antérieures avant d'administrer ou de suivre un traitement, rappellent les scientifiques australiens, sachant que l'apparition soudaine d'imagerie visuelle pourrait entraîner des difficultés impliquant des pensées intrusives et de l'anxiété, et que tous les résultats potentiels doivent être expliqués afin que les personnes puissent prendre une décision éclairée."