ADN
Génétique : voici pourquoi certains vieillissent plus vite que d'autres
Des chercheurs ont identifié 408 gènes liés à différentes manifestations du vieillissement, comme le déclin cognitif ou la perte de mobilité, contre seulement 37 connus auparavant.

- Par Diane Cacciarella
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En France, les femmes sont en bonne santé jusqu’à 77 ans en moyenne, contre 75,5 ans pour les hommes, selon le ministère de la Santé. Si, depuis plus de quinze ans, l’espérance de vie sans incapacité augmente régulièrement dans l’Hexagone, il reste des inégalités en termes de vieillesse. Mais à quoi sont-elles dues ? Une partie de la réponse pourrait venir de la génétique.
"Pour identifier des traitements permettant de stopper ou d'inverser le vieillissement biologique accéléré, il est nécessaire de comprendre la biologie sous-jacente, indique Isabelle Foote, première auteure de l’étude et chercheuse postdoctorale à l'Institut de génétique comportementale de l'Université du Colorado, dans un communiqué. Il s'agit de la plus grande étude jamais réalisée à ce jour utilisant la génétique pour tenter de le faire.”
408 gènes associés au vieillissement accéléré
Pour l'étude, publiée dans la revue Nature Genetics, les chercheurs se sont concentrés sur la fragilité, qu’ils définissent comme le "déclin physiologique multisystémique” qui accompagne souvent le vieillissement. Cela concerne par exemple le déclin cognitif, la perte de mobilité ou encore l’isolement social.
Afin d'évaluer cette fragilité, les médecins utilisent un indice qui mesure plusieurs éléments : la vitesse de marche, la force de préhension, le nombre de maladies diagnostiquées et le niveau d'activité sociale. Le total est sur 30 points. Mais cet outil a ses limites. Selon Isabelle Foote, le problème est qu’il donne un score égal à une personne cognitivement active mais qui ne peut pas marcher et une autre est en bonne santé physique mais qui a une mémoire défaillante.
"Le vieillissement n'est pas une simple maladie, souligne le Dr Kenneth Rockwood, co-auteur de l'étude. Il existe de nombreuses façons d'être fragile. La question est donc : quels gènes sont impliqués ?” Leur étude y répond. Les scientifiques ont pris 30 symptômes de fragilité et ont tenté d’identifier les gènes qui y étaient associés. Résultats : 408 gènes sont liés au vieillissement accéléré, certains à des sous-types précis de fragilité, notamment les troubles cognitifs, le handicap ou encore les problèmes métaboliques.
Individualiser la détection des fragilités pour mieux prévenir les maladies
"Cette étude permet non seulement d'identifier les sous-facettes du vieillissement pathologique, mais aussi de démontrer qu'elles reposent sur une biologie très différente, explique Andrew Grotzinger, principal auteur. La prochaine étape concrète consiste à comprendre comment traiter cette biologie sous-jacente.”
Les chercheurs espèrent que cette découverte permettra d’élargir les mesures cliniques du vieillissement accéléré, pour mieux prévenir le développement de certaines maladies. Une personne montrant des signes de fragilité cognitive pourrait par exemple être orientée vers des thérapies préventives contre la démence. À l’inverse, une personne qui a des faiblesses sur le plan métabolique pourrait prendre des mesures pour prévenir le diabète ou les maladies cardiaques. Un moyen d’individualiser davantage la prévention et ainsi, peut-être, allonger l'espérance de vie en bonne santé.