Gériatrie

Hébergement des personnes âgées : la promesse de l'habitat alternatif

Quand les babyboomers auront 85 ans, où seront ils hébergés ? Un récent rapport sur le sujet insiste sur l'importance de développer l'habitat alternatif pour répondre aux besoins et attentes de la nouvelle génération de seniors.

  • Mladen Zivkovic/istock
  • 24 Fév 2023
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    Où et comment seront logés les seniors de demain à l'horizon 2030-2050 ? Une vaste question que s'est posée le Haut-commissariat du Plan et le cercle de réflexion Matières Grises. En ressort un riche et passionnant rapport permettant de projeter l'offre d'hébergement nécessaire aux besoins et attentes de cette nouvelle génération de seniors.

    Et des besoins il y en aura : actuellement 6,5 millions en France, les plus de 75 ans seront plus de 11 millions d'ici 2050. Une explosion démographique, complexifiée par la problématique de la dépendance qu'il est urgent d'anticiper. Pour les auteurs du rapport, une des clés réside dans « la promesse de l'habitat alternatif ». On fait le point.

    L'habitat alternatif, un nouveau chez soi et non une transition domicile - EHPAD

    Actuellement les personnes âgées de 75 ans et plus se répartissent entre le domicile, l'habitat médicalisé (EHPAD ou USLD) et l'habitat alternatif. Ce dernier comprend les résidences autonomie (anciens logement-foyers), les résidences services seniors et l'habitat inclusif (colocation ou encore résidence inter-générationnelle).

    Pour les auteurs du rapport, il convient bien de parler d'habitat alternatif et non intermédiaire comme c'est communément le cas, car il ne devra plus être vu comme une transition du domicile à l'EHPAD, mais plutôt comme une alternative à l'un ou l'autre. 

    Deux étonnants constats sur la répartition actuelle des lieux de vie des personnes âgées

    Avant la projection pour 2030-2050, il y a les constatations sur l'habitat actuel des seniors. Et en analysant leurs lieux de vie actuels, deux constats ont frappé le groupe de travail.

    Le premier concerne la population âgée autonome. Sans grande surprise, la très grande majorité (96%) vit à domicile mais 1,1% sont en EHPAD. Un pourcentage insignifiant sous cet angle, pourtant il s'agit de 60 000 personnes soit 10% des résidents d'EHPAD qui sont donc GIR 1 ou 2.

    L'autre fait étonnant concerne à l'opposé les personnes âgées sévèrement dépendantes qui sont actuellement totalement exclues de l'habitat alternatif : partagée à 50/50 entre EHPAD et domicile, la part de cette population en habitat alternatif est infime (0,5%). « Aujourd'hui la résidence autonomie est au cœur d'un paradoxe, il est l'un des seuls endroits de France où une personne ne peut pas vivre en état de perte d'autonomie » illustrent ainsi les auteurs.

    L'habitat alternatif pour tous, autonomes ou non

    Pour ce qui est des projections : vieillir à domicile sera le principe de base pour 2030 à 2050. Une priorité en accord avec le souhait de la très grande majorité des Français. Mais comme le maintien à domicile ne pourra évidemment pas se faire pour tous, les auteurs du rapport misent beaucoup sur le développement de l'habitat alternatif. Et pour cela ils insistent sur un accès qui doit être facilité pour un public plus large, des plus autonomes aux plus dépendants.

    Pour les personnes âgées sévèrement dépendantes, les auteurs estiment que 2 à 12%, parmi la proportion actuelle de celles vivant à domicile trouvera un intérêt à aller vivre en habitat alternatif : « Sans que cet habitat ne dispense directement de soins, il sera plus à même d'offrir un logement adapté, une présence 24h/24, éventuellement un service de coordination des prestataires extérieurs et un accès facilité aux ressources du territoire » précise le rapport. Pour les personnes âgées autonomes vivant actuellement en EHPAD, alors qu'elles n'en ont nullement le besoin, ils prennent le parti d'en rediriger une très grande proportion vers l'habitat alternatif. Ceci en partant de l'idée que beaucoup avaient fait le choix de l'EHPAD pour renforcer leur vie sociale ou intégrer un logement adapté à une potentielle future perte d'indépendance.

    Enfin, même cap pour les personnes âgées modérément dépendantes avec un objectif de réduction de 15% de cette population en EHPAD, redirigée là encore vers les habitats alternatifs, lesquels peuvent remplir en plus une mission de prévention de la perte d'autonomie, essentielle pour cette population fragile GIR 3 ou 4.

    Ces mutations seront possibles à condition évidemment de « déployer massivement » ces formules de logements alternatifs insistent les auteurs qui ont estimé entre 200 000 et 300 000 le nombre de places à ouvrir d'ici 2050. 

     

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    JDF