Gériatrie

Cardiogériatrie : quoi de neuf en 2022 pour la prise en charge de l'HTA et de la FA ?

« Quoi de neuf en cardiogériatrie ? » Pas mal de choses qui changent les pratiques, notamment dans la prise en charge de l'HTA et de la FA. Pour ceux qui ont loupé les grandes études de l'année dans le domaine, la session synthétique de rattrapage pendant les Journées Annuelles de la SFGG est l'occasion d'y remédier.

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  • 13 Déc 2022
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    « Quoi de neuf en cardiogériatrie ? » C'est la question à laquelle a répondu le professeur Olivier Hanon, chef du service de gériatrie de l'hôpital Broca (AP-HP) lors des Journées Annuelles de la SFGG (Société Française de Gériatrie et Gérontologie).

    Il a présenté les résultats des grandes études de l'année notamment pour la prise en charge de l'hypertension artérielle (HTA) et la fibrillation auriculaire (FA) et «il y a quand même beaucoup de choses nouvelles dans le domaine […] vous allez ressortir avec des choses utiles qui vont changer vos pratiques » nous explique-t-il en introduction. Alors quelles sont ces nouveautés ?

    Traiter l'hypertension artérielle même après 85 ans

    « Traiter l'hypertension artérielle même après 85 ans, il y a un vrai bénéfice », c'est ce que confirme une vaste méta-analyse publiée dans le Lancet, incluant au total plus de 350 000 participants de tout âge. Les chercheurs ont en effet montré qu'abaisser de 5 mmHg la pression artérielle grâce à un traitement diminuait de manière significative la survenue d’événements cardiovasculaires majeurs. Et « ce sont les plus de 85 ans qui bénéficient le plus de cette baisse » souligne le Pr Hanon.

    Autre question à laquelle des chercheurs ont répondu cette année : est-il préférable de donner le traitement anti-hypertenseur le soir plutôt que le matin ? Il y a 3 ans, une étude concluait en faveur du soir. Mais changement de paradigme cette année, avec une nouvelle étude publiée dans le Lancet, elle aussi. Randomisée et incluant plus de 20 000 participants, elle n'a pas mis en évidence de bénéfice, en termes de survenue d'événements cardiovasculaires, à donner le traitement le soir plutôt que le matin. Pas de bénéfice non plus sur la mortalité et les hospitalisations (critères de jugement secondaires). Une différence toutefois a été mise en évidence : un risque de chute plus faible si le traitement est donné le soir, mais les auteurs ont aussi noté que l'observance était moins bonne à ce moment. Donc quand donner ? La recherche n'a pas tranché, au médecin de décider en fonction de chaque patient, de ses fragilités et des objectifs du traitement.

    De nouvelles données sur le traitement de la FA chez les sujets fragiles

    Autre grande question de pratique gériatrique, faut-il ou non donner un anticoagulant aux patients âgés fragiles atteints de fibrillation auriculaire ? La crainte étant toujours, le risque hémorragique en cas de chutes notamment. Et bien oui, sans hésiter !

    C'est ce que montre une vaste étude à partir d'une base de données coréenne ayant inclus plus de 84 000 personnes fragiles. En cas de traitement mis en place, le risque de survenue d'un événement, à savoir événement cardiovasculaire, hémorragie grave ou décès, était diminué de 22%. Donc « un patient fragile, même si vous estimez qu'il va peut-être trop saigner, il a tellement de risque d'AVC qu'il vaut mieux traiter que ne pas traiter » conclut le Pr Hanon.

    Et alors, on traite par AOD (anticoagulant oraux directs) ou AvK (antivitamines K) ? On sait déjà qu'en population générale sous AOD le risque hémorragique est moindre. Une étude, portant sur plus de 90 000 personnes, publiée dans Europace a montré que chez les sujets fragiles c'est encore plus vrai : « le bénéfice de l'AOD sur la diminution du risque hémorragique se voit surtout chez les patients les plus fragiles » explique le gériatre au regard des résultats.

    En gériatrie, on cherche toujours à alléger l'ordonnance. Mais ces nouvelles données de recherche nous montrent que ce n'est pas du côté des antihypertenseurs ou des anticoagulants qu'il faut rogner. S'ils sont bien justifiés, on les garde, même (et surtout !) chez les patients les plus âgés et les plus fragiles. 

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    JDF