Pneumologie

Cancer bronchique : des profils génomiques différents en fonction de l’âge

Le profil génomique tumoral des adénocarcinomes est différent chez les patients jeunes et âgés : la fréquence des mutations dépend de l'âge ce qui peut avoir un intérêt clinique, mais ces résultats asiatiques sont à préciser et difficilement transposables à l’Europe. D’après un entretien avec Michèle BEAU-FALLER.

  • 29 Jul 2021
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    Une étude rétrospective asiatique, dont les résultats sont parus en mai 2021, dans l’International Journal of Cancer, a cherché à savoir si les sujets jeunes atteints d’adénocarcinome bronchique avaient des caractéristiques particulières, au niveau génomique, par rapport aux sujets âgés. Pour cela, les auteurs ont analysé plus de 7000 cas de cancers bronchiques. Ils ont utilisé un cut-off d’âge à 45 ans pour séparer les groupes de patients jeunes et âgés. Ils ont ensuite analysé les panels NGS, dans plusieurs centres et analysé les gènes communs à trois panels.

    Des caractéristiques particulières chez les sujets jeunes

    Le professeur Michèle BEAU-FALLER, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Strasbourg, rappelle que la fréquence habituelle des adénocarcinomes bronchiques se situe entre 60 et 75 ans, et que 5% des patients atteints ont moins de 45 ans. Ces patients jeunes sont, majoritairement des femmes, avec des formes de cancers plus agressives et à des stades plus avancés au moment du diagnostic. Plus l’âge avance, moins on observe de femmes atteintes et plus on observe de carcinomes épidermoïdes.  Michèle BEAU-FALLER souligne les points suivants : la charge mutationnelle augmente avec l’âge, sauf pour quelques mutations qui existent chez les patients jeunes (comme les mutations ALK, ROS1, RET),  la mutation KRAS augmente avec l’âge, l’exon 19 de la mutation EGFR est plus présente chez les sujets âgés alors que l’exon 21 l’est chez les sujets jeunes, 35% des sujets jeunes mutés EGFR ont une autre mutation associée.. ; L’intérêt en thérapeutique est que les altérations ciblables, comme l’EGFR, ont une meilleure survie, notamment chez les sujets âgés, même si elle est à la marge.

    Un manque de données et des difficultés de transposition

    Michèle BEAU-FALLER émet des réserves sur les résultats de cette étude. Il s’agit en effet d’une étude rétrospective asiatique. Or, les mutations observées en Europe sont différentes. Une étude incluant une population caucasienne serait intéressante. De plus, les auteurs ne précisent aucune donnée sur le tabagisme, sur le contexte environnemental des patients, ni sur leurs traitements. Les analyses restent concentrées sur les sujets jeunes, sans focus sur les sujets très âgés. Michèle BEAU-FALLER rappelle qu’une étude française avait été réalisée en 2016 avec 6 cibles de biomarqueurs mais les résultats n’avaient pas été analysés par groupes d’âge. Elle précise qu’une analyse NGS, chez les patients jeunes, pourrait peut-être permettre d’anticiper les mécanismes de résistances. Pour Michèle BEAU-FALLER, il serait nécessaire de faire un travail séparant les fumeurs des non-fumeurs et d’étudier en miroir les patients très jeunes et les patients très âgés.

    En conclusion, les mutations oncogéniques sont variables avec l’âge des patients atteints de cancers bronchique mais ces données doivent être vérifiées avec plus d’éléments cliniques comme le tabagisme et les thérapeutiques utilisées (immunothérapie et/ou chimiothérapie)…

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