Infectiologie
Variant indien : raccourcir la vaccination contre la résurgence de l’épidémie
La résurgence de l’épidémie au Royaume-Uni, avec l’émergence du nouveau variant indien (variant Delta), témoigne a contrario de l’efficacité de la vaccination, mais uniquement si elle est complète à 2 doses. Une incitation à raccourcir les intervalles de vaccination.
- 3dmitry/istock
Une large étude écossaise en vie réelle vient d’être publiée dans The Lancet pour analyser la nouvelle vague de la Covid-19 au Royaume-Uni, apparue depuis quelques semaines. Le variant indien, ou Delta, est désormais retrouvé principalement en Écosse dans des groupes d’âges les plus jeunes avec un risque d'admission à l'hôpital pour Covid-19 presque doublé par rapport au variant anglais ou Alpha.
On savait le variant indien 60% plus contagieux que le variant anglais, mais l'analyse révèle que les personnes infectées par le variant Delta ont un risque accru d'admission à l'hôpital pour la Covid-19 : HR=1.85 (95% CI 1.39-2.47). Le risque d'admission à l’hôpital augmente avec le nombre de comorbidités et est particulièrement élevé chez les personnes ayant cinq comorbidités ou plus.
Efficacité des vaccins
Les vaccins Oxford-AstraZeneca et Pfizer-BioNTech Covid-19 permettent tous les 2 de réduire le risque d'infection et le risque d'hospitalisation pour Covid-19 chez les personnes infectées par le variant Delta, mais les effets protecteurs sur l'infection semblent être réduits par rapport aux personnes infectées par le variant Alpha.
Les chercheurs ne disposaient pas d'un nombre suffisant d'admissions à l'hôpital pour comparer correctement les vaccins entre eux. Le vaccin Oxford-AstraZeneca pourrait être moins efficace que le vaccin Pfizer-BioNTech pour prévenir une infection par le SARS-CoV-2 chez les personnes infectées par le variant Delta. Étant donné la nature observationnelle de ces données, les estimations de l'efficacité des vaccins doivent être interprétées avec prudence.
Une plateforme de surveillance épidémiologique
Le 19 mai 2021, le variant Delta, anciennement connu sous le nom de variant indien ou B 1.617.2 (ou gène S positif), est devenu la souche dominante du SARS-CoV-2 en Écosse. Le variant Alpha (anciennement connu sous le nom de variant anglais, B.1.1.7, ou gène S négatif) était la souche dominante auparavant, mais il a rapidement été remplacé.
Les chercheurs ont utilisé la plateforme EAVE II pour entreprendre une analyse de cohorte afin de décrire le profil démographique des patients atteints de la Covid-19, d'étudier le risque d’infection et d'admission à l'hôpital et d'estimer l'efficacité des vaccins pour le variant Delta.
EAVE II est une plateforme de surveillance de la Covid-19 à l'échelle de l'Écosse qui a été utilisée pour suivre et prévoir l'épidémiologie, informer la stratification du risque et étudier l'efficacité et la sécurité du vaccin. Elle comprend des ensembles de données nationales sur les soins de santé concernant 5 à 4 millions de personnes (environ 99 % de la population écossaise) reliées par le numéro unique du Community Health Index écossais.
Un ajustement nécessaire
Cette résurgence de la pandémie au Royaume-Uni découle bien de la plus grande contagiosité du variant indien (variant Delta) mais pas seulement : les vaccinations incomplètes joueraient aussi un rôle.
En effet, la bonne nouvelle, c’est que la vaccination marche contre ce variant Delta, en particulier contre les hospitalisations, qui ont néanmoins presque doublé (n=184) au Royaume-Uni (mais en partant de très bas). Mais, la mauvaise nouvelle, c’est que la majorité des malades sont jeunes et que les 2 injections sont nécessaires pour une protection efficace contre ce variant. C’est un des problèmes de l’Angleterre qui a privilégié les 1ère doses et a espacé au maximum les 2 injections. Elle cravache actuellement pour rattraper son retard sur les 2ème doses.
Pour la France, étant donné la présence du variant indien sur notre territoire et sa vitesse de diffusion (déjà 30% des contaminations liées au variant Delta dans les Landes et des foyers ailleurs), il faut encore accélérer la vaccination dans une course de vitesse contre la diffusion de ce variant, ce qui est mis en place avec le raccourcissement des délais entre 2 injections.
S'adapter aux vacances
Il sera impossible d’empêcher les départs en vacances mais faudrait continuer à les vacciner et plutôt en réduisant les intervalles entre la 1ère et la 2ème dose qu’en les allongeant. Un nouveau défi pour le gouvernement : il doit désormais organiser la vaccination en zones de vacances avec des ressources en personnels et en doses de vaccins qui doivent s’adapter aux prises de rendez-vous informatiques.
Mais peut-on vraiment attendre cela d’un gouvernement qui annonce la fin du port du masque en extérieur et la fin du confinement dans ce contexte de retard à la vaccination et de diffusion du variant Delta sur son territoire. Après tout, la résurgence anglaise est peut-être une fausse alerte…








