Infectiologie
Covid-19 et hydroxychloroquine : nouvel échec même en phase précoce
Chez des malades Covid-19 au stade précoce de l’infection, une nouvelle étude randomisée ne retrouve aucun bénéfice clinique ou viral lors de la prise d’hydroxychloroquine à forte dose, avec ou sans azithromycine.
- xiao zhou/istock
Dans une étude randomisée versus placebo, au stade précoce d’une infection Covid-19, l’hydroxychloroquine à forte dose n’a aucune influence sur l’évolution clinique de la Covid-19, y compris chez les malades à risque. La réduction de l’excrétion virale observée dans le groupe hydroxychloroquine n’est pas significative après ajustement sur la charge virale initiale. Enfin, l’azithromycine n’apporte rien de plus, ni au plan clinique ni au plan virologique.
Après cette 2ème étude randomisée chez des malades à un stade précoce, il faut espérer que l’on va clore la polémique en France, une polémique qui est terminée depuis longtemps à l’international. L’étude est publiée dans EClinicalMedicine, une revue du Lancet.
Aucun effet clinique significatif
Les résultats sont analysés logiquement à 14 jours (mais le suivi a été poursuivi jusqu’à 28 jours) et les évènements sont peu fréquents dans ce groupe de patients. Chez les 129 malades à haut risque, une pneumonie ne s’est déclarée que chez 6 malades : 2 du groupe contrôles et 4 du groupe hydroxychloroquine-azithromycine. Une hospitalisation Covid a été observée chez 7 malades : 4 du groupe contrôle, un malade du groupe hydroxychloroquine et 2 du groupe association hydroxychloroquine + azithromycine.
Chez les 102 malades à faible risque, 2 hospitalisations sont observées : une chez les malades du groupe hydroxychloroquine et une dans le groupe association hydroxychloroquine + azithromycine. Il n’y a pas eu de décès.
Aucun effet viral significatif
Chez les 159 malades pour lesquels les prélèvements ont été réalisés de façon itérative, une clairance virale plus rapide, 5 jours contre 7 jours, est observée dans le groupe hydroxychloroquine, mais pas dans le groupe association hydroxychloroquine-azithromycine, ce qui est en contradiction avec l’étude Raoult.
Après ajustement sur la charge virale initiale, la différence n’est plus significative et les auteurs conseillent donc d’interpréter avec beaucoup de réserve cette clairance accélérée en apparence … qui de toute façon ne serait pas suffisante pour réduire la transmission d’après eux.
Une étude randomisée précoce
Il s’agit d’une étude randomisée, en double aveugle et en ambulatoire, chez des malades PCR+ inclus en moyenne 5 jours après le début des premiers symptômes. Elle a comparé chez 213 malades l’évolution clinique et virale dans 3 groupes : hydroxychloroquine + placebo, hydroxychloroquine + azithromycine et un groupe placebo seul (acide ascorbique et acide folique).
L’hydroxychloroquine a été testée à la dose de 400 mg x 2 à J1 suivi de 9 jours de 200 mg x 2 par jour, avec ou sans azithromycine 500 mg à J1 puis 250 mg par jour. Les malades ont été analysés en fonction de leur niveau de risque initial et de la charge virale initiale.
Bonne tolérance cardiaque
La mauvaise tolérance n’a été que digestive. Le QT s’est certes allongé chez 19 malades du groupe hydroxychloroquine et 9 du groupe association, mais l’allongement du QT au-delà de 500 ms est au final rare, 0,9%, et il n’y a pas eu de complications cardiaques.
C’est la seule bonne nouvelle de cette étude.
Clore la polémique
Cette nouvelle étude randomisée, indépendante et en double aveugle, avec des groupes de malades bien équilibrés, ne montre donc une nouvelle fois pas de différence alors que les malades prenaient à un stade précoce un protocole de traitement proche de celui préconisé par l’équipe de Marseille (compte tenu du test PCR et de la randomisation).
Les malades sont en majorité des personnes pas très âgées, et avec peu d’évènements Covid donc, même s’ils ont des facteurs de risque de forme grave… mais il en était de même dans l’étude observationnelle de Gautret et Raoult. De plus, les résultats de cet article sont cohérents avec ceux d’autres études randomisées.
Fin de partie
Donc dans plusieurs études randomisées désormais, l’hydroxychloroquine ne fait rien sur l’évolution clinique de la Covid-19, y compris chez les malades à risque. La réduction de l’excrétion virale n’est pas significative après ajustement sur la charge virale initiale et l’azithromycine n’apporte rien, ni au plan clinique ni au plan virologique.
J’espère que l’on va clore la polémique en France, une polémique qui est close depuis longtemps à l’international. On peut regretter que cette étude n’ait pas été réalisée d’emblée par l’équipe de Marseille, cela aurait évité beaucoup d’argent dépensé dans des études pour rien !








