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Cancer du sein localisé RH+ à haut risque : une bonne indication pour les inhibiteurs de cyclines ?

Pour les cancers du sein localisés RH+ HER2- à haut risque de récidive, l’ajout de l’abemaciclib à une hormonothérapie adjuvante permet d’améliorer significativement la survie sans récidive du cancer.

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  • 14 Nov 2020
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    Les patients avec un cancer du sein localisé exprimant des récepteurs aux hormones reçoivent tous en adjuvant une hormonothérapie pour une durée d’au moins 5 ans. Certains critères cliniques et anatomopathologiques permettent de sélectionner les patients les plus à risque de récidive. L’abemaciclib, un inhibiteur de CDK4/6, permet déjà d’améliorer la survie globale des patients lorsqu’il est utilisé en 1ère ligne de traitement au stade métastatique.

    Dans l’étude monarchE parue dans le Journal of Clinical Oncology, Stephen Johnston et al. ont montré une amélioration de la survie sans maladie chez les patients avec un cancer du sein localisé à haut risque de récidive en ajoutant l’abemaciclib à une hormonothérapie par inhibiteur de l’aromatase (IA) par rapport à un IA seul.

    Uniquement pour les patients les plus à risque

    Dans cette étude ouverte, 5637 patients ont été inclus pour recevoir soit de l’abemaciclib avec un inhibiteur de l’aromatase, soit un inhibiteur de l’aromatase seul. Pour sélectionner les patients les plus à risque, ils devaient avoir soit au moins 4 ganglions envahis, ou de 1 à 3 ganglions envahis et au moins un autre critère parmi les suivants : taille tumorale d’au moins 5 cm, grade SBR3 ou Ki67 d’au moins 20%. L’étude a été arrêtée à la suite d’une 2èmeanalyse intermédiaire d’efficacité prévue dans le schéma de l’étude.

    Avec un suivi médian de 15,5 mois, 136 patients (4,8%) ont une récidive dans le groupe abemaciclib et IA contre 187 (6,6%) dans le groupe inhibiteur de l’aromatase seul, soit un Hazard ratio à 0,75 (IC 95% = [0,60–0,93], p = 0,01). La survie sans maladie à 2 ans est de 92,2% dans le groupe abemaciclib contre 88,7% dans le groupe IA. Il n’existe pas de différence de survie globale mais les données sont encore immatures.

    Une amélioration de la survie sans maladie

    Le traitement par abemaciclib est associé comme attendu à une augmentation des effets secondaires. Les plus fréquents sont ceux déjà connus avec l’abemaciclib : diarrhées (82,2% dont 7,6% de grade 3 contre 7,1% et 0,1%), neutropénies (44,6% dont 18% de grade 3 contre 5% et 0,6%), asthénie (38,4% dont 2,8% de grade 3 contre 15,5% et 0,1%) et douleurs abdominales (34% dont 1,3% de grade 3 contre 8,1% et 0,3%).

    Il existe également une augmentation des nausées et vomissements, des anémies et des thrombopénies, de manière moins fréquente. Il n’y avait pas de différence significative en termes de décès liés au traitement.

    Des résultats généralisables ?

    Ces résultats montrent un signal d’efficacité pour ces patients à haut risque de récidive, surtout que plus des 2/3 des récidives sont sous forme de métastases. L’ajout de l’abemaciclib est toutefois associé à une nette toxicité par rapport à un traitement par IA seul.

    Le suivi est pour le moment limité pour une population adjuvante RH+, des données de survie globale sur des prochaines mises à jour seront déterminantes. Ces résultats sont à mettre en parallèle avec l’essai PALLAS qui a échoué à mettre en évidence un bénéfice avec le palbociclib, un autre inhibiteur de CDK4/6 dans une population moins à risque de récidive.

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    JDF