Cardiologie
Consommation de sel : on peut la réduire à l’échelle d’une population
La mise en place de différentes mesures en population (restaurant, plats préparés…) permet de réduire de manière notable la consommation de sel, ce qui se traduit par une baisse significative de la pression artérielle.
- Detry26/istock
Réductions moyennes de 25% de l’excrétion urinaire de sodium, de 1,8 mm Hg de la pression artérielle (PA) systolique et de 3,1 mm Hg de la diastolique au sein de la population : cinq ans après la mise en place de mesures interventionnelles dans la province du Shandong en Chine, les résultats peuvent concerner potentiellement 90 millions d’habitants.
La consommation de sel, qui était plus de deux fois supérieure à celle préconisée par l’Organisation mondiale de la santé (12,6 g/ jour en moyenne vs 5g/j) a été fortement réduite sous l’impulsion des autorités chinoises, ce qui s’est traduit par une baisse modeste mais significative de la PAS et de la PAD (p=0,04 et <0,001 respectivement).
Un programme gouvernemental
Le programme SMASH (Shandong-Ministry of Health Action on Salt and Hypertension) comportait plusieurs volets. Il y a eu des actions au niveau des supermarchés, des restaurants et des industriels pour promouvoir des produits moins salés.
Et il y a eu de larges campagnes médiatiques vers le grand public, la distribution de plusieurs millions de cuillères doseuses, de flyers et de posters dans les lieux publics et les écoles, et des actions ciblées sur les mères de famille, qui, on le sait, en Chine comme dans de nombreux pays, sont les principales responsables des achats alimentaires et de la préparation des repas.
Entretiens standardisés et bilan urinaire
Les auteurs de cette étude transversale, publiée dans le JAMA Internal Medicine, avaient inclus en 2011 plus de 15 000 participants issus de 156 villages de la province, qui avaient bénéficié d’entretiens standardisés en face à face pour évaluer leurs habitudes alimentaires et d’un examen médical, avec mesures de la PA, de la taille, du poids et du tour de taille. Un échantillon de 1600 autres personnes avait eu en plus une mesure de l’excrétion urinaire de sodium et de potassium sur 24 heures. En 2016, un nouvel échantillonnage a été effectué, pour inclure 16 490 personnes pour les entretiens et examens cliniques et 1675 pour le bilan biologique.
De façon intéressante, les connaissances et les habitudes de consommation se sont significativement améliorées. La proportion de personnes connaissant les recommandations en matière d’apport sodé quotidien est passée de 31,7% à 57,6%, le recours aux cuillères doseuses s’est lui aussi accru de manière significative, tout comme l’attention portée aux teneurs en sel des aliments transformés ((p<0,001 pour tous ces paramètres).
Une approche en population efficace donc, et dont pourraient s’inspirer les autorités d’autres pays du monde, estime le Dr Tracy Y Wang, dans un éditorial accompagnant la publication.








