Hématologie
Leucémie aiguë lymphoblastique : 1ère AMM en vue pour des CAR-T cells
Un comité consultatif invite l’Agence américaine du médicament (FDA) à autoriser la mise sur le marché d’une thérapie basée sur les CAR-T cells pour traiter une forme résistante de leucémie aiguë lymphoblastique.
- The U.S. Food and Drug Administration/Flickr
Une première mondiale se prépare aux Etats-Unis. Un traitement basé sur les CAR-T cells pourrait être prochainement autorisé par l’Agence américaine des produits alimentaires et médicamenteux (FDA). Destinée à traiter les formes résistantes de leucémie aiguë lymphoblastique (LAL), ce traitement modifie l’action des lymphocytes T du malade pour leur donner une activité anti-CD19.
Un comité consultatif d’experts a conclu en faveur de la mise sur le marché de cette approche innovante. Tout en soulevant des réserves sur les effets secondaires à long terme d’une telle prise en charge. Si cet avis est suivi par les autorités sanitaires, ce serait la première fois qu’une telle stratégie serait autorisée dans le pays. Le CAR-T cells anti-CD19 en question, CTL019, a été développée par l’université de Pennsylvanie (Etats-Unis) et achetée par le laboratoire suisse Novartis, qui possède désormais le brevet.
29 patients en rémission
Le traitement de la leucémie aiguë lymphoblastique s’appuie sur la technique des CAR-T cells : les lymphocytes T du malade sont extraits avant d’être reprogrammés génétiquement en laboratoire, à l’aide d’un VIH inactivé, pour acquérir une activité anti-CD19 qui est normalement exprimée par les lymphocytes B.
Une fois les cellules modifiées, celles-ci sont réinjectées aux malades. Les CAR-T Cells anti-CD19 se multiplient alors et s’attaquent aux lymphocytes B malades qui sont à l’origine de cette leucémie dans le sang et la moelle osseuse.
En pratique, les résultats livrés par le laboratoire sont plutôt concluants. Sur les 63 patients traités entre 2015 et 2016, 52 ont atteint le stade de la rémission. Les autres sont décédés. Fin novembre, 29 personnes étaient toujours en rémission. 11 ont fait une rechute.
De lourds effets indésirables
C’est sur la base de ces données que le comité consultatif a émis un avis positif. Mais pas sans réserves. Le traitement par CAR-T cells devra être réservé aux jeunes patients atteints de LAL – entre 3 et 25 ans – et en échec thérapeutique. Pas question, vu la lourdeur du procédé, d’en élargir l’accès.
Le traitement CTL019 nécessite en effet un suivi intensif. Car les lymphocytes T modifiés ne s’attaquent pas seulement aux cellules B défectueuses, mais aussi à lymphocyte B dont le fonctionnement est normal. Les patients ont donc besoin d’injections régulières d’immunoglobuline, en guise de remplacement. Et tous ces traitements ont un coût, estimé à 300 000 dollars (263 000 euros).
Les effets secondaires de la prise en charge sont également très lourds. La première patiente, alors âgée de 6 ans, a souffert de forte fièvre, d’une chute de la pression artérielle et d’une congestion pulmonaire, effets qui peuvent désormais être contrôlés par un anti-IL6. Les experts s’inquiètent, en outre, d’éventuels effets indésirables graves sur le long terme, comme des cancers induits par ce type de traitement.
Une percée thérapeutique
Pour lever ces inquiétudes, les coordinateurs de l’essai clinique ont prévu un suivi étroit des patients pendant 15 ans. En attendant ces données supplémentaires, les experts du comité consultatif n’ont pas hésité. Ils ont statué, à l’unanimité, en faveur d’une mise sur le marché.
Il faut dire que les attentes sont énormes. Environ 15 % des cas de leucémie aiguë lymphoblastique sont résistants aux traitements. Ce qui avait justifié, en 2014, l’obtention du statut de « percée thérapeutique majeure », accélérant le processus d’analyse par les autorités sanitaires.








