Neurologie
Parkinson : les options thérapeutiques se diversifient
L'arsenal thérapeutique contre Parkinson s'enrichit. De nouveaux modes d'administration devraient notamment améliorer la qualité de vie des patients, selon le Dr Marie Vidailhet.
- bogdan.hoda/epictura
Décrite il y a plus de 200 ans, la maladie de Parkinson touche chaque année de plus en plus de personnes. En France, environ 200 000 malades vivent avec cette maladie neurodégénérative, et au moins 25 000 personnes sont diagnostiquées tous les ans. Malgré les nombreuses avancées de la recherche, les traitements actuels ne permettent pas de ralentir la progression de la maladie. Ils arrivent toutefois à atténuer les symptômes comme les tremblements ou les changements d’humeur. Et si peu de nouvelles molécules sont attendues ces prochaines années, les nouveaux modes d'administration disponibles permettent d'améliorer le confort des malades, explique le Dr Marie Vidailhet, neurologue au département maladie du système nerveux central de l’hôpital Pitié-Salpêtrière (AP-HP).
Quelles sont les options thérapeutiques actuelles ?
Pr Marie Vidailhet : Au début de la maladie, les patients vont recevoir soit, un agoniste dopaminergique soit de la L-dopa, soit ces deux médicaments en combinaison. L’agoniste sera réservé aux patients plus jeunes car les sujets âgés ont un risque de somnolence, de trouble de la concentration ou éventuellement d’hallucinations, et d’hypotension orthostatique.
Chez ces derniers, on va plutôt favoriser la dopa qui reste le gold standard du traitement antiparkinsonien mais à des doses modérées qui permettent d’obtenir une amélioration motrice. Atteindre cette dose progressivement est très importante. Souvent les patients sont un peu pressés et veulent augmenter les doses, ou au contraire sont réticents parce qu’ils ont peur des complications. En réalité c’est un médicament qui, bien conduit, est très utile.
Ecoutez l'entretien avec le Dr Marie Vidailhet :
Outre ces thérapies médicamenteuses, que peut-on proposer aux malades ?
A ces médicaments, nous recommandons fortement à nos patients d'associer une activité régulière. C’est vraiment une partie du traitement. Cela peut être une activité de marche, une petite activité sportive, ou une activité de chorale car c’est bon pour le souffle et la force de la voix. Ils peuvent aussi pratiquer le tai-chi. Des études ont démontré que cette activité améliore l’équilibre de patients parkinsoniens. Pareil pour le tango. Mais il y a des choses qui n’ont pas encore été étudiées et qui pourraient être tout aussi efficaces comme aller se promener jusqu’à la boulangerie la plus proche et revenir. Donc il faut que les patients pratiquent au moins 30 minutes d’activité par jour même à faible intensité. Pas besoin d’aller lever de la fonte comme un rugbyman.
En quoi les nouvelles molécules pourront-elles améliorer la prise en charge des malades ?
Il y a des médicaments, comme le safinamide, qui sont en discussion de prix et qui vont être sur le marché prochainement. Cette nouvelle molécule sera utilisée chez des patients qui sont en fluctuations d’effet thérapeutique.
Pour la même indication, il existe des molécules plus anciennes pour lesquelles il va y avoir de la nouveauté. C’est notamment le cas des inhibiteurs de la catéchol-O-méthyltransférase (COMT) qui permettent de prolonger l’action de la L-dopa. Aujourd’hui, il y en a deux sur le marché. L’un doit être pris à chaque prise de L-dopa, et l’autre doit être pris 3 fois par jour. Ce sont des médicaments contraignants qui remplissent de cachets l’assiette de nos patients. Mais le nouvel inhibiteur de la COMT, qui devrait être disponible d’ici 2 ou 3 ans, se présente en une prise unique, cela évitera cette ribambelle de pilules.
Il existe aussi les dispositifs à libération continue. Cette technologie a été utilisée pour donner les pompes à apomorphine. C’est un produit qui fait partie de la famille des agonistes dopaminergiques. Son grand intérêt est qu’il est liquide et peut être administré en sous-cutané à l’aide d’une pompe que la personne porte à sa ceinture. Les infirmières apprennent au malade, ou à son conjoint, à mettre en place la pompe, puis un débit est progressivement établi. Ce dernier peut être différent la journée et la nuit si les signes parkinsoniens reviennent dans la nuit. Aujourd’hui, les patients le connaissent bien grâce à la communication des associations.
Le deuxième dispositif intéressant est la duo dopa. Il s’agit d’une sonde implantée dans le duodénum, comme une gastrostomie, qui permet l’administration de L-dopa sous forme de gel. Cela permet de lisser les montagnes russes qu’expérimente le patient. C’est une technique plus invasive mais elle peut sauver la mise chez des sujets atteints de formes très graves.








