Asthme sévère : évaluation de l’impact des biothérapies par les oscillations forcées

Les oscillations forcées représenteraient un outil pertinent pour évaluer précocement la réponse aux biothérapies dans l'asthme sévère. L’utilisation de cette technique simple en complément de la spirométrie  vient confirmer l’impact positif des biothérapies au cours de  l’asthme sévère. D’après un entretien avec Thierry PEREZ.

Une étude, dont les résultats sont parus en juin 2025 dans l’ERJ Open Research, a cherché à évaluer les effets précoces et prolongés du mépolizumab sur les voies respiratoires distales, en utilisant l’oscillométrie impulsionnelle. Les auteurs sont partis du constat que L'asthme éosinophilique sévère altère significativement la fonction des petites voies respiratoires, tandis que les options thérapeutiques efficaces restent limitées.  Il s’agit de l’essai clinique IMPOSE qui a inclus 130 participants répartis en trois groupes : un premier groupe de 40 patients atteints d’asthme sévère non contrôlé débutant un traitement par mépolizumab, un deuxième groupe 40 patients atteints d’asthme sévère bien contrôlé, et un troisième groupe  comprenant 50 témoins sains. La fonction pulmonaire a été mesurée par oscillations forcées, spirométrie et pléthysmographie au début de l’étude, puis à 1, 3 et 6 mois après l’instauration du traitement. Les paramètres cliniques évalués comprenaient le contrôle de l’asthme, la qualité de vie et l’observance thérapeutique.

Des résultats positifs sur l’impact des biothérapies dans l’asthme sévère

Le docteur Thierry PEREZ, pneumologue au Centre Hospitalier Universitaire de Lille, explique que cette étude en vraie vie apporte des données intéressantes sur un sujet qui commence à se confirmer : la réalisation d’oscillations forcées est pertinente en complément de la spirométrie, qui reste limitée, dans l’évaluation de l’asthme sévère. Il rappelle que quelques études ont déjà chercher à évaluer l’impact des biothérapies dans l’asthme sévère et précise que même si cette série est de taille moyenne, les résultats ont montré que les paramètres d’oscillométrie s’amélioraient significativement chez les sujets sous biothérapie, notamment au niveau des paramètres distaux, y compris en cas d’obstruction sur la spirométrie, ce qui n’est pas le cas dans le groupe de patients non traités par biothérapie. Ces résultats sont donc positifs sur l’impact des biothérapies dans l’asthme sévère.

Une technique d’évaluation simple et validée

Thierry PEREZ précise que ces résultats confortent ce qui était déjà pressenti : les biothérapies ont un impact positif sur les petites voies aériennes. L’oscillométrie permet de le montrer, ce que ne fait pas la spirométrie. Il ajoute que ces résultats sont convaincants car le temps d’évaluation des patients est correct pour cette étude en vraie vie. Le principal message est donc en faveur d’une évaluation des voies aériennes distales par l’oscillométrie, technologie simple et validée, en complément de la spirométrie, dans le cadre de la prise en charge des asthmes sévères, même contrôlés. La pertinence clinique de l’évaluation par oscillométrie de l’efficacité de biothérapies dans l’asthme se confirme une nouvelle fois. Thierry PEREZ fait référence à d’autres études sur le sujet, réalisées avec des patients traités par mepolizumab ou dupilumab, ayant montré des résultats similaires, malgré un design différent. Il ajoute que les oscillomètres sont de plus en plus répandus, y compris en pédiatrie, l’appareil calculant automatiquement les différents paramètres.

En conclusion, l’évaluation des voies aériennes distales chez les patients asthmatiques sévères traités par biothérapie peut être réalisée de manière pertinente par les oscillations forcées, technique simple, nécessitant un matériel dont  les laboratoires d’explorations respiratoires sont de plus en plus souvent équipés. Thierry PEREZ évoque un travail en cours sur le sujet dont les résultats permettront sans doute d’améliorer encore l’évaluation des paramètres oscillométriques chez les patients asthmatiques sévères