Pneumologie

Phénotyper l’exacerbation d’asthme pour anticiper la réponse à la corticothérapie ?

Prédire la réponse à la corticothérapie systémique au cours des exacerbations d'asthme à l'aide de marqueurs T2 est une très bonne idée mais le phénotypage des patients en phase aigüe  est compliqué. Un essai randomisé de grande ampleur est nécessaire s’autoriser à ne pas prescrire de corticoïdes à certains patients en cours d’exacerbation. D’après un entretien avec Gilles DEVOUASSOUX.

  • 15 Mai 2025
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    Une étude, dont les résultats sont parus en avril 2025, dans l’European Respiratory Journal, a cherché à savoir si la réponse à la corticothérapie au cours des exacerbations de l’asthme  pouvait varier en fonction des biomarqueurs permettant un phénotypage en phase aigüe. Il s’agit d’une étude observationnelle longitudinale monocentrique canadienne pour laquelle les auteurs ont inclus 153 patients asthmatiques, initialement suivis dans le centre, qui ont présenté un épisode d’exacerbation, tous traités par une corticothérapie orale de 7 jours. Les patients ont été séparés en trois groupes selon les phénotypes établis en T2, T2 low et non T2. Le critère de jugement principal était la modification du VEMS. Les critères secondaires étaient la modification du questionnaire du contrôle de l’asthme et la survenue des événements indésirables liés à la corticothérapie.

     

    Des bénéfices inégaux pour des effets secondaires similaires

    Le professeur Gilles DEVOUASSOUX, chef de du service de pneumologie, des Hospices Civils de Lyon, félicite ce travail intéressant qui répond à une vraie question clinique, qui est de savoir si la corticothérapie orale apporte un bénéfice identique à toutes les exacerbations d’asthme. Il rappelle que  tous les exacerbateurs ne sont pas les mêmes, et souligne que,  même si l’effectif des patients inclus dans cette étude n’est pas important, les résultats ont montré que les patients ayant un profil T2 sont les meilleurs candidats à la corticothérapie orale. Il explique que phénotyper préalablement les patients permettrait éviter que tous payent le prix des effets secondaires de la corticothérapie, en n’en tirant pas forcément le même bénéfice. Gilles DEVOUASSOUX précise que, dans ce travail, tous les patients sont préalablement suivis dans le centre et déjà venus en expertise clinique avant leur inclusion, au moment où ils se présentaient pour une aggravation de leurs symptômes mais qu’il est impossible aujourd’hui de phénotyper les patients en phase aigüe. Cela nécessiterait des consultations inopinées et des examens en urgence, qu’il est difficile de proposer à un patient en exacerbation aigüe.

     

    Une bonne corrélation avec l’atmosphère T2 antérieure à l’exacerbation

    Gilles DEVOUASSOUX relève que les auteurs ont décrit un point intéressant qui est l’existence d’une bonne corrélation entre le phénotypage réalisé à l’instant T et celui qui était connu dans les mois précédents. Si une atmosphère T2 existait déjà préalablement, il est probable que ces patients soient de meilleurs répondeurs à la corticothérapie orale en cas d’exacerbation. Toutefois, Gilles DEVOUASSOUX précise la limite représentée par la difficulté de ne pas administrer de corticothérapie aux patients non T2 ou T2 low et de gérer une exacerbation d’asthme sans corticoïdes. C’est pourquoi une étude randomisée corticothérapie versus placebo apporterait les preuves nécessaires pour aller plus loin, mais il s’agirait alors d’un essai de grande ampleur, nécessitant des autorisations précises, les patients sous placebo étant potentiellement mis en danger. Gilles DEVOUASSOUX  conclue que le phénotypage T2 de l’asthme en tant que pathologie chronique permet de personnaliser la prise en charge thérapeutique, notamment avec les biothérapies mais que cet exercice est d’une grande complexité en phase aigüe.

     

    En conclusion, cette étude amène une réflexion intéressante sur le traitement des excarnations en fonction du phénotype de l’asthme et se place sans aucun doute comme précurseur des travaux sur  la personnalisation du traitement de l’asthme en phase aigüe, en réalisant, à terme, le phénotypage des exacerbations…

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    JDF