Prévention
Maladies cardiovasculaires : cibler une lipoprotéine pour mieux dépister ?
Selon une équipe de chercheurs, un test sanguin méconnu pourrait révolutionner la prévention des maladies cardiovasculaires en dépistant la lipoprotéine(a), ou Lp(a), qui touche 1 personne sur 5 et reste rarement détectée.

- Par Stanislas Deve
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Faut-il dépister systématiquement une lipoprotéine trop méconnue pour mieux prédire les pathologies cardiovasculaires, deuxième cause de mortalité en France après les cancers ? C'est ce que suggère une étude internationale dirigée par l'Université Monash, en Australie, et publiée dans la revue Atherosclerosis. Le coupable pointé du doigt : la lipoprotéine(a), ou Lp(a), un facteur de risque cardiovasculaire largement sous-estimé.
Une menace invisible pour 1 personne sur 5
Selon les chercheurs, un taux élevé de Lp(a) concernerait environ 20 % de la population mondiale. Or, cette anomalie augmente considérablement les risques de maladies cardiovasculaires, première cause de mortalité dans le monde. Le problème ? Ce biomarqueur n'est que très rarement mesuré lors des bilans médicaux standards. "Malgré les risques, un taux élevé de Lp(a) reste dangereusement sous-diagnostiqué", alerte la professeure Zanfina Ademi, économiste de la santé, dans un communiqué.
En analysant les données de plus de 10.000 adultes britanniques, les chercheurs ont montré qu'un dépistage systématique permettrait de reclasser 20 % des patients en "haut risque cardiovasculaire". Cela permettrait une prise en charge précoce via des traitements adaptés contre l'hypertension ou l'excès de cholestérol. En Australie, ce seul test pourrait prévenir 60 infarctus, 13 AVC et 26 morts précoces pour 10.000 personnes testées. À la clé : 169 années de vie gagnées et 217 années de bonne santé cumulées.
Vers une recommandation systématique ?
L'étude souligne aussi les gains financiers : 85 dollars australiens (plus de 47 euros) économisés par personne, en tenant compte des dépenses de santé et de la perte de productivité. Un enjeu majeur alors que les maladies cardiovasculaires représentent près de 10 % des dépenses de santé en Australie.
Face à ce constat, les chercheurs appellent à intégrer le dosage de Lp(a) dans les examens de routine. "La Lp(a) est un facteur de risque héréditaire, permanent, et indépendant des autres marqueurs", rappelle la professeure Ademi. Son collègue, le Dr Jed Morton, insiste : "Plus le dépistage est précoce, mieux on peut agir. Il faut commencer tôt, surtout en cas d'antécédents familiaux."