Psilocybine

Les psychédéliques contre l’alcoolisme : pari réussi pour le CHU de Nîmes ?

Le CHU de Nîmes a mené une première en France : tester la psilocybine, une substance psychédélique, chez des patients alcooliques et dépressifs. Premiers résultats : une nette amélioration de l’abstinence et un protocole bien toléré.

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  • 22 Aoû 2025
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    Un traitement à base de psilocybine, associé à une psychothérapie, pourrait aider des patients à sortir de l’emprise de l’alcool et de la dépression. C’est le pari relevé par le CHU de Nîmes, qui signe la toute première étude française sur le sujet. Et les résultats sont prometteurs.

    La psilocybine au service de la santé mentale ?

    La psilocybine est une molécule naturellement présente dans certains champignons hallucinogènes. Si ses effets psychotropes sont bien connus, son potentiel thérapeutique commence à peine à être exploré en France. Dans cette étude pilote baptisée PAD (Psilocybin in Alcohol Dependence), financée par l’Institut pour la Recherche en Santé Publique, 30 adultes récemment sevrés de l’alcool ont été recrutés. Tous souffraient également de dépression modérée à sévère.

    Les participants ont été répartis en deux groupes : l’un a reçu deux doses élevées de psilocybine (25 mg) espacées de trois semaines ; l’autre a reçu une dose très faible (1 mg), jouant le rôle de placebo actif. Tous ont bénéficié d’une psychothérapie en parallèle, dans le cadre d’un programme hospitalier spécialisé en addictologie.

    Les résultats, publiés dans la revue Addiction, sont très encourageants : 55 % des patients traités avec la vraie dose sont restés totalement abstinents à 12 semaines, contre seulement 11 % dans le groupe placebo. Le nombre de jours de consommation a également nettement diminué, tout comme les envies d’alcool. Côté dépression, une amélioration a été observée dans les deux groupes, sans différence significative.

    Vers une nouvelle génération de traitements ?

    Le protocole s’est avéré sûr et réalisable en milieu hospitalier. Seuls quelques effets secondaires légers ont été rapportés (maux de tête, nausées, fatigue). "Ces résultats préliminaires ouvrent la voie à de nouvelles approches pour lutter contre l’alcoolisme, souvent associé à la dépression", explique le Dr Amandine Luquiens, médecin addictologue responsable de l’étude, dans un communiqué du CHU.

    Pour la communauté scientifique, cette étude contrôlée en double aveugle pourrait constituer une étape-clé vers de futures thérapies innovantes. "Ils ouvrent la voie à des recherches à plus grande échelle pour mieux définir leur place dans l’arsenal thérapeutique", selon Dr Luquiens. Une lueur d’espoir pour les patients en impasse thérapeutique.

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    JDF