Lésions

Courir des marathons augmente-t-il le risque de cancer colorectal ?

Les marathoniens seraient-ils exposés à un risque insoupçonné ? Une étude américaine révèle un taux anormalement élevé de lésions précancéreuses du côlon chez des coureurs d’endurance.

  • Pavel1964 / istock
  • 21 Aoû 2025
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    C’est une hypothèse surprenante qui émerge d’une étude menée par l’Inova Schar Cancer Institute en Virginie, aux Etats-Unis : les marathoniens, pourtant emblèmes de la bonne santé physique, pourraient présenter un risque accru de cancer colorectal. L’équipe de chercheurs a en effet découvert un taux anormalement élevé d’adénomes avancés, des lésions précancéreuses, chez de jeunes sportifs ayant couru plusieurs courses longue distance.

    Un taux 12 fois plus élevé que la moyenne

    L’étude, présentée lors du congrès annuel de l’American Society of Clinical Oncology (Asco), a porté sur 100 athlètes, tous âgés de 35 à 50 ans, ayant participé à au moins deux ultramarathons ou cinq marathons. Aucun ne présentait de facteurs de risque connus ni d’antécédents familiaux, précise le média américain Gizmodo. Tous ont subi une coloscopie et, parmi eux, 15 % présentaient des adénomes avancés, contre 1,2 % attendu dans cette tranche d’âge. "Nous n’aurions pas attendu un tel taux de lésions précancéreuses chez des personnes aussi jeunes", souligne David Lieberman, gastro-entérologue non impliqué dans l’étude, cité par le New York Times.

    L’auteur principal des travaux, Timothy Cannon, s’est intéressé à cette possible corrélation après avoir soigné trois patients atteints d’un cancer colorectal, tous jeunes et ultramarathoniens. Si les résultats n’ont pas encore été publiés dans une revue scientifique, ils suscitent déjà l’intérêt. "Cela montre qu’il y a un signal ici", insiste Lieberman.

    Pourquoi un tel lien ?

    Une hypothèse avancée repose sur les troubles digestifs fréquents chez les coureurs de longue distance, comme la diarrhée du coureur. Ceux-ci pourraient résulter d’une restriction temporaire du flux sanguin vers l’intestin pendant l’effort, causant des inflammations chroniques. Or, l’inflammation est un terrain favorable au développement du cancer.

    Les chercheurs insistent : cette étude ne constitue pas une preuve que la course de fond provoque le cancer colorectal. D’autres travaux sont nécessaires pour confirmer ce lien et en comprendre les mécanismes. Et surtout, pas question de déconseiller l’activité physique : "Les bénéfices du sport, notamment la réduction du risque pour au moins huit types de cancers, restent largement supérieurs aux risques", rappelle Gizmodo.

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    JDF